Démission de Salvini

Après les élections législatives italiennes du 4 mars 20181, le M5S2 et la ligue avaient réussi à s’entendre pour former un gouvernement3 ; Giuseppe Conte devenait premier ministre (président du conseil), secondé par deux vice-présidents du conseil : Luigi Di Maio (dirigeant du M5S), également ministre du travail et Matteo Salvini (dirigeant de la ligue), également ministre de l’intérieur.

La cohabitation entre les deux partis s’est globalement mieux passée que ce que prédisaient la plupart des commentateurs.

Cependant, début août 2019, Matteo Salvini mettait fin à la coalition entre les deux partis. La raison, ou le prétexte, de la rupture a été la construction de la ligne TGV4 Lyon-Turin ; la ligue y est favorable, alors que le M5S s’y oppose.

Matteo Salvini a été massivement approuvé par les Italiens pour son action à la tête du ministère de l’intérieur, notamment dans son opposition à l’immigration. Son parti, la ligue, est passé de 17,34% des voix aux élections législatives du 4 mars 2018, à 34,26% des voix aux élections européennes5 du 26 mai 2019.

L’objectif de sa démission était apparemment de provoquer des élections législatives anticipées, afin de concrétiser au parlement italien la poussée de son parti dans les urnes aux élections européennes. Mais son ancien partenaire le M5S, ainsi que la gauche, auraient pâti de la progression de la ligue et n’avaient donc pas intérêt à provoquer rapidement de nouvelles élections. Le M5S et le parti démocrate ont constitué une coalition pour former un nouveau gouvernement, toujours sous la direction de Giuseppe Conte.

Matteo Salvini a donc raté son objectif de provoquer de nouvelles élections, qui lui auraient probablement permis de devenir premier ministre à la tête d’une coalition de droite, plus cohérente que l’attelage de circonstance avec le M5S.

La joie éprouvée par la plupart des journalistes et des hommes politiques français après l’échec de Matteo Salvini à provoquer des élections législatives anticipées est cependant prématurée. Ils analysent comme une défaite ce qui n’est peut-être qu’un contretemps.

D’abord Matteo Salvini a prouvé que la mise en place d’une politique de défense des frontières contre l’immigration illégale et qu’une politique de fermeté contre les criminels étrangers étaient difficiles à mettre en œuvre, mais tout-à-fait possibles ; que ces politiques étaient très populaires, malgré les hurlements d’hostilité des médias. A tel point que le nouveau gouvernement risque d’être perdant quoi qu’il fasse : s’il continue sur la lancée de Salvini, il prouve que celui-ci avait raison ; s’il adopte une politique plus favorable aux criminels étrangers, il augmentera le soutien populaire à Salvini.

Ensuite parce que rien ne montre pour l’instant une baisse du soutien populaire à Salvini et à ses alliés de droite. Si cela se confirme, les prochaines élections législatives, dans quelques années ou dans quelques mois, verront la victoire de la coalition de droite avec une ligue dominante.

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1- Voir chronique du 5 mai 2018 : « Quelle coalition pour l’Italie ? ».

2- M5S : mouvement 5 étoiles.

3- Voir chronique du 21 juin 2018 : « Alliance entre la ligue et le M5S ».

4- TGV : train à grande vitesse.

5- Voir chronique du 6 juin 2019 : « Elections européennes en Italie ».

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