Rééducation politique au collège

 

Il est des articles de presse qui disent des choses intéressantes. Parfois sans le vouloir. Sans même le savoir.

L’article1 de Marine Forestier dans le Monde du 12 avril 2016 est de ceux-là.

Si la journaliste avait compris ce que son article montrait, elle ne l’aurait probablement pas publié.

Le problème de cette journaliste, c’est qu’elle a probablement écrit son article avec sa plume de journaliste de gauche, immigrationniste et politiquement correcte. Et que son article fait voir des réalités diamétralement opposées : çà dépend si l’on a les même œillères qu’elle, ou pas.

Son article décrit un « atelier d’écriture » dans le collège de Saint-Amant-Roche-Savine, dans le Puy-de-Dôme. Le collège a invité le musicien Cyril Amblard, qu’on devine plutôt de gauche, pour faire écrire aux collégiens une chanson sur l’actualité. Le thème de la chanson : la « crise des migrants ».

L’« atelier » décrit dans l’article se déroule début avril.

Il a été précédé d’une séance en mars où le musicien a demandé aux enfants à quoi ils associaient le mot « migrants » ; le musicien a été surpris. Les collégiens ont cité les mots « espoir », « bateaux » et « solitude » ; ce sont les mots que l’équipe éducative attend. Mais il y a aussi eu les mots « AK47 » et « terroristes » ; ces deux mots, il n’est pas normal, il est inacceptable de les associer aux migrants. C’est assez explicite dans le récit écrit par la journaliste. « Parmi les « espoir », « bateau » et « solitude », ont surgi « AK47 » et « terroristes » ». Les premiers mots sont acceptés, les deux derniers mots ont « surgi », ils ont fait irruption, alors qu’ils n’étaient pas désirés.

L’article qui décrit l’« atelier » d’avril peut être lu de deux manière différentes, suivant le lecteur. Le lecteur immigrationniste de gauche y voit probablement le combat dur, courageux et méritoire de deux enseignantes soucieuses d’inculquer des valeurs d’accueil à leurs élèves ; les autres y voient une séance de torture psychologique horrible de deux professeurs sur leurs jeunes élèves ; car les deux enseignantes se comportent de manière ignoble, comme deux commissaires politiques. Leur attitude inspire un mélange d’horreur et de gêne.

Le méchant de l’histoire, c’est Rémi. Vraiment un pauvre type, ce Rémi. Savez-vous comment je le sais ? Je le sais grâce à son classeur. C’est d’ailleurs avec cet accessoire scolaire que commence l’article. « Il est un peu moche, son classeur, Rémi. C’est un de ces classeurs qu’on traîne d’une année sur l’autre, pour éviter d’en racheter un à chaque rentrée. Il manque la moitié de la couverture, un drapeau britannique. Ne reste que la tranche en carton, et elle-même est mal en point. » Quel pauvre gars, ce Rémi, il ne change pas de classeur chaque année, il ne se met pas à la mode. En plus de sa tare d’être démodé, il a peut-être une autre tare, le Rémi : il est peut-être économe, il n’est peut-être pas riche, ses parents n’ont peut-être pas les moyens de lui payer un nouveau classeur chaque année. Démodé et pauvre, on comprend que ces caractéristiques ne provoquent pas de sympathie particulière chez une journaliste de gauche ; un vrai collégien de gauche aujourd’hui, çà s’habille avec des chaussures de sport et des habits de marque, dont le prix est supérieur au salaire mensuel d’un ouvrier. Un collégien pas de gauche peut quand même s’attirer la sympathie de la gauche, s’il est d’origine immigrée, et qu’il se paie ses fringues hors de prix avec la drogue qu’il vend. Mais un pauvre de souche, quelle horreur. Pour couronner le tout, le Rémi est aussi un peu névrosé, et c’est son pauvre classeur qui en fait les frais : « il l’émiette nerveusement depuis que sa prof lui demande pourquoi il ne veut pas aider les migrants. »

Heureusement, tous les élèves ne sont pas comme çà. Certains sont bien formatés, et sont capables de bien répéter sans réfléchir ce que leur racontent leurs enseignants, en débitant des niaiseries d’apitoiement sur les immigrés. Ainsi, Chloé sait écrire un couplet « qui plaît beaucoup » au musicien :

« Des gens me regardent comme une bête en cage.

Il me manque la mélodie de ce pays.

Des parfums inconnus migrent dans ma vie. »

L’article du Monde contient deux pics d’intensité.

Le premier, c’est quand le professeur d’Histoire-géo s’adresse à Rémi. Les socialistes y verront une prof attentionnée. Pour les autres, c’est un haut-le-cœur face à son comportement scandaleux. « Sa prof d’histoire-géo, Emilie Tardes, s’accroupit à côté de lui. Elle lui rappelle les Français qui ont caché des juifs lors de la seconde guerre mondiale. Rémi baisse la tête. Le petit tas de miettes de son classeur grossit un peu plus. » Outre le caractère assez peu pertinent de la comparaison, c’est son caractère odieux et déplacé qui choque. Sans honte aucune, ce professeur se permet de d’accuser un de ses jeunes élèves d’être semblable à un nazi, à un exterminateur de juifs, ou au minimum à un complice insensible à de tels crimes, parce qu’il ne partage pas les opinions politiques de sa prof sur l’immigration.

La prof d’anglais, Sarah Frugère, s’essaie à un autre argument, plus ou moins foireux : « Quand tes parents paient leurs impôts, c’est aussi pour aider les autres. »

On l’a compris, la présence de ce Rémi est vraiment pénible. Et horreur ! Comme si çà ne suffisait pas, il a un ami, le « blondinet » Nicolas.

« Son copain Nicolas s’en mêle : « C’est ton opinion Rémi, t’as le droit. » Lui non plus d’ailleurs, n’aiderait pas les migrants : « J’aurais pas de pitié », explique le blondinet, avec un sourire blasé. « Les attentats, je savais que ça allait arriver. La France c’est le truc de la liberté. Les terroristes voulaient nous toucher. Moi je n’accueillerais plus de migrants parce que les terroristes se mêlent avec eux et après ils font des attentats », affirme-t-il. »

On bien sent que la journaliste n’éprouve pas non plus d’empathie pour Nicolas. Il ne veut pas accueillir des immigrés, il a un « sourire blasé », et c’est un « blondinet ». La blondeur de ses cheveux doit être quelque chose d’important ; l’article ne nous informe pas sur la couleur de la chevelure des autres personnes citées….

Heureusement, il y a quand même des garçons bien dans cette classe. « « Ils sont butés. Quand on débat avec eux, ça part vite en cacahuètes », estime Ludovic, très content, lui, d’avoir appris plein de choses sur les migrants. » Le gentil Ludovic ! On ne sait pas trop c’est quoi les tout plein de trucs qu’il a appris sur les migrants, mais en tous cas, Ludovic a appris une chose très utile : avec les profs qu’il a, il vaut mieux être favorable à l’immigration de masse s’il ne veut pas être harcelé par les commissaires politiques du collège, et avoir de bonnes notes.

Le second pic d’intensité de l’article, c’est quand Rémi donne les paroles du troisième couplet de la chanson, rédigé avec son pote Nicolas.

« L’argent ne tombe pas du ciel,

arrêtez de vous plaindre et cherchez du boulot.

Il n’y a pas un coffre rempli d’or

au pied de l’arc-en-ciel. »

En lisant çà, on a d’abord un sourire ou un éclat de rire. Et on est fier du petit Rémi, qui a crânement résisté à la séance de rééducation politique des deux mégères hargneuses. Ce n’est probablement pas l’objectif de la journaliste, qui doit être plus en emphase avec les professeurs, qui ne semblent pas comprendre qu’on puisse leur résister.

Les pauvres professeurs sont abattus. « On tourne en rond. Les profs, exaspérées, ont besoin de souffler ».

Cet article n’a évidemment entraîné aucune réaction, ni des parlementaires, ni du ministre de l’Education, ni de la presse. Les deux professeurs n’ont apparemment pas été sanctionnés.

Que se serait-il passé dans une situation similaire, mais idéologiquement contraire ? Si des professeurs avaient stigmatisé et harcelé certains de leurs élèves, sous prétexte qu’ils étaient favorables à une politique d’immigration excessive ? Il est quasiment certain que nous aurions eu des manifestations ; que les syndicats de défense des enseignants auraient estimé que leur rôle était de demander la révocation de ces enseignants ; que la presse se serait déchaînée ; que le ministère de l’Education aurait pris des sanctions.

Mais là rien.

Et pourtant, relisez bien ce passage honteux : « Sa prof d’histoire-géo, Emilie Tardes, s’accroupit à côté de lui. Elle lui rappelle les Français qui ont caché des juifs lors de la seconde guerre mondiale. Rémi baisse la tête. Le petit tas de miettes de son classeur grossit un peu plus. »

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1- Marine Forestier : « Quand migrants rime avec espoir, bateau, AK47, terroristes : un atelier d’écriture en classe de 3e », le Monde, 12 avril 2016 (site Internet)

 

Une dangereuse fonction

 

Alexander van der Bellen1 est le neuvième président de la seconde république autrichienne, établie en 1945.

Cinq de ses huit prédécesseurs sont décédés pendant l’exercice de leur mandat : Karl Renner en 1950, Theodor Körner en 1957, Adolf Schärf en 1965, Franz Jonas en 1974 et Thomas Klestil en 2004.

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1- Voir chronique du 24 mai 2016 : « Election serrée en Autriche »

 

Forte poussée du FPO

 

L’Autriche a élu ce 22 mai son nouveau président1, l’écologiste Alexander van der Bellen. Mais le caractère historique du scrutin ne tient pas à ce nouvel élu, mais plutôt au résultat obtenu par Norbert Hofer, le candidat du FPO (35,05% au premier tour et 49,65% au second). En effet, sans ce score, cette élection n’aurait pas intéressé grand-monde à l’étranger ; qui se souvient des précédentes élections présidentielles autrichiennes ?

Le FPO est créé en 1955 et est ancré à droite.

Aux élections législatives de 1970, le SPO arrive en tête et obtient 81 sièges sur 165, l’OVP obtient 78 sièges et le FPO en obtient 6. Sans participer au gouvernement social-démocrate, le FPO le soutient en échange d’une modification du système électoral pour assurer une meilleure représentation des petits partis au parlement, qui comprend désormais 180 députés. Suite à cette réforme électorale, de nouvelles élections sont organisées en 1971, et le SPO obtient alors la majorité absolue des sièges, et peut donc gouverner seul.

De 1983 à 1986, les sociaux-démocrates et le FPO forment une coalition gouvernementale.

En 1986, Jörg Haider est élu à la tête du FPO et droitise le parti. Le chancelier autrichien, ne voulant pas gouverner avec Haider, rompt la coalition avec le FPO.

Dès lors, le FPO progresse aux élections législatives. Il obtenait 5% des voix en 1983. Il obtient 9,7% en 1986, 16,6% en 1990, 22,5% en 1994, 21,9% en 1995 et 26,91% en 1999.

En 1999, le FPO est derrière le SPO (33,15% et 65 sièges). Il obtient le même score et le même nombre de sièges que les conservateurs de l’OVP (26,91% des voix et 52 sièges). Symboliquement, le FPO est devenu le deuxième parti du pays, puisqu’il devance quand même l’OVP de 415 voix (sur un total de plus de 4,6 millions de suffrages exprimés).

Après les élections de 1999, l’OVP et le FPO s’allient pour former un gouvernement. Le FPO laisse la place de chancelier à un dirigeant de l’OVP. La participation du FPO au gouvernement n’est pas appréciée des gouvernements des autres pays de l’Union européenne, qui font pression sur l’Autriche. Sans succès.

Aux élections législatives de 2002, le FPO s’effondre à 10% (26,91% aux élections précédentes), au profit de son partenaire de coalition, l’OVP, qui bondit de 26,91% à 42,3%. La coalition est reconduite. Aux élections de 2006, le FPO reste stable, tandis que l’OVP baisse fortement ; l’OVP forme une coalition avec le SPO.

Le FPO est fortement pénalisé par sa participation gouvernementale. Ses résultats électoraux se sont effondrés. Le parti se divise ; en 2005, Jörg Haider quitte le FPO, et fonde un parti concurrent, le BZO2 (alliance pour l’avenir de l’Autriche).

Mais la droite nationale reconquiert progressivement le terrain perdu.

En 2002, le FPO s’était effondré à 10%. En 2006, le FPO est à 11,03% et le BZO à 4,11%, obtenant de justesse 7 députés, la limite pour être représenté au parlement étant fixée à 4%. En 2008, les deux partis de la droite nationale divisée obtiennent un total de 28% des voix (17,54% pour le FPO et 10,70% pour le BZO).

En 2013, le FPO prend nettement le dessus sur le BZO, dont le fondateur, Jörg Haider, était décédé en octobre 2008. Le FPO obtient 20,55% des voix, et le BZO, qui obtient 3,53%, est donc désormais absent du parlement. Un nouveau parti, le TS3, créé en 2012 sous le patronage de l’homme d’affaires Frank Stronach, et qui a notamment attiré à lui d’anciens membres du BZO, obtient 5,74% des voix et 11 députés.

Outre ses bons résultats nationaux, le FPO obtient de bons résultats aux scrutins locaux, et participe parfois aux exécutifs locaux.

De 1989 à 1991, Jörg Haider est gouverneur de la province de Carinthie, dans la capitale de laquelle (Klagenfurt) il est né en 1950. De 1999 à 2008, date de son décès, il occupe à nouveau cette fonction, d’abord sous l’étiquette FPO, puis BZO à partir de 2005.

En 2015, dans la région du Burgenland, le FPO a obtenu 15% des voix, et participe au gouvernement régional dirigé par le SPO.

En 2015, à l’élection municipale de Vienne, le SPO est arrivé en tête avec 39,59% des voix, suivi du FPO (30,79%).

Quant au TS, ses scores locaux lui ont permis d’entrer dans plusieurs parlements régionaux : Carinthie (11,18% des voix), Basse-Autriche (9,84%) et Salzbourg (8,3%).

hofer1

1- Voir chronique du 24 mai 2016 : « Election serrée en Autriche »

2- BZO : Bündnis Zukunft Oesterreichs

3- TS : Team Stronach

Election serrée en Autriche

Au second tour de l’élection présidentielle autrichienne, le 22 mai 2016, le candidat écologiste Alexander van der Bellen a été élu avec 50,35% des voix, contre 49,65% à Norbert Hofer, candidat du FPO1 (parti de la liberté d’Autriche).

Le premier tour avait été organisé le 24 avril 2016. Norbert Hofer y arrivait très largement en tête, avec 35,05% des voix, suivi par le candidat écologiste Alexander van der Bellen (21,34%). Les candidats des deux principaux partis politiques autrichiens depuis 1945 étaient éliminés. Le candidat du SPO2 (parti social-démocrate d’Autriche) obtenait 11,28% des voix ; à droite, le candidat de l’OVP3 (parti populaire autrichien) obtenait 11,12%.

Au premier tour, le candidat du FPO obtenait ses meilleurs scores dans les provinces du Burgenland (41,9%) de Styrie (38,84%) et de Carinthie (38,83%). Le candidat écologiste obtenait un score beaucoup plus important que son résultat national (21,34%) à Vienne (32,75%), seule région où il devançait Norbert Hofer (27,67%).

Au second tour, Alexander van der Bellen est en tête dans 4 régions : Vienne (63,32%), Voralberg (58,59%), Tyrol (51,39%) et Haute-Autriche (51,32%). Norbert Hofer est en tête dans 5 régions : Burgenland (61,43%), Carinthie (58,1%), Styrie (56,22%), Salzbourg (52,8%) et Basse-Autriche (52,62%).

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1- FPO : Freiheitliche Partei Oesterreichs

2- SPO : Sozialdemokratische Partei Oesterreichs

3- OVP : Oesterreichische Volkspartei

 

 

Deux élections cruciales

 

Deux élections importantes seront organisées avant l’été en Europe.

Le 22 mai, l’Autriche élira son président ; à l’issue du premier tour, seuls restent en lice un candidat écologiste et le candidat du FPO, parti associé au FN français au parlement européen.

Ensuite, le 23 juin, c’est le référendum en Grande-Bretagne sur la sortie de ce pays de l’Union européenne qui attirera l’attention d’un grand nombre d’Européens.

 

Les drapeaux de l’Eurovision

 

A l’occasion du concours Eurovision de la chanson de cette année, les organisateurs ont précisé leurs consignes1 sur les drapeaux pendant la cérémonie.

Les motivations données pour la mise en œuvre de cette politique sont de garantir la sécurité et le caractère apolitique de la cérémonie.

La directive donne d’abord les dimensions maximales des drapeaux.

Elle indique ensuite que sont interdites les bannières « qui contiendraient un message commercial, ou un message que les organisateurs considéreraient de nature offensante, discriminatoire, inappropriée, politique ou religieuse. »

Concernant les drapeaux, seuls sont autorisés les drapeaux officiels des pays participants et des Etats membres de l’ONU. Pourquoi pas ? Ceci dit, puisque les organisateurs trouvent important de réglementer la présence des drapeaux, on peut quand même alors se demander pourquoi des drapeaux algériens ou chinois seraient bienvenus dans la salle de l’Eurovision.

A ceux-là s’ajoute le drapeau de l’Union européenne. Pourquoi pas ?

Enfin, est autorisé « le drapeau arc-en-ciel, comme symbole de la tolérance et de la diversité ». C’est extravagant. Le seul drapeau autorisé ne représentant pas un territoire est donc le « drapeau » homosexuel. Parce qu’il ne serait pas politique ; parce que les organisateurs ont décidé que le « drapeau » homosexuel serait le symbole de la tolérance. Et les organisateurs considèrent qu’en écrivant cela, ils ne font pas de politique ; alors que le symbole d’un mouvement contraire à ce que représente ce « drapeau », comme par exemple un mouvement opposé à la légalisation de la polygamie, de la location d’utérus et de l’achat d’enfants, est donc interdit,et serait donc, si l’on suit le raisonnement des organisateurs, un symbole « politique », et contraire à la « tolérance » et à la « diversité ».

Ce procédé des organisateurs me paraît directement inspiré des régimes communistes et national-socialiste. Les communistes n’autorisaient que la faucille et le marteau, et l’étoile rouge, car ces symboles n’étaient pas partisans ; ces symboles représentaient le peuple, le progrès, la démocratie ; et tout autre symbole était donc factieux, et anti-démocratique. La croix gammée n’était pas un symbole partisan ; elle représentait la vraie Allemagne ; donc tout autre symbole était au mieux non-allemand, au pire anti-allemand. De même, au concours de l’Eurovision, les organisateurs imposent leur idéologie politique comme la seule autorisée, et interdisent toute expression non seulement contraire, mais aussi seulement différente, et cela au nom de la « tolérance » et de la « diversité » ; à la fois grotesque et inquiétant. Il faut quand même noter que les sanctions ne sont pas les mêmes ; un drapeau non-autorisé dans une réunion communiste ou nazie vous exposait à un séjour fort peu touristique dans un camp ; un drapeau non-autorisé à l’Eurovision vous expose juste à sa confiscation à l’entrée (et à sa non-restitution à la sortie), voire à « l’interdiction d’entrée dans la salle ». Mais si la différence dans l’échelle des sanctions est considérable, la similitude du raisonnement politique est incontestable.

Autre règle sur les bannières. Les messages dans une langue autre que l’anglais ou la langue du pays hôte (la Suède cette année) sont interdits. Tiens donc : voilà le français interdit ! Alors que le règlement2 du concours impose que le porte-parole de chaque pays annonce les résultats du vote de son pays en anglais ou en français, les bannières en français sont interdites dans la salle ! Pourquoi seulement l’anglais est-il autorisé ? Au-delà de cette scandaleuse interdiction du français au profit de l’anglais, on peut aussi se demander pourquoi toutes les langues européennes ne pourraient pas être affichées dans la salle ; pourquoi les spectateurs ne pourraient pas soutenir le candidat de leur pays avec un message dans la langue de leur pays. Pour des raisons de sécurité ? Parce que ce serait « politique » ? Parce que ce serait « offensant, discriminatoire, inappropriée, politique ou religieux » ? Parce que parler en français ou dans la langue de son pays serait une atteinte à la « tolérance » ou à la « diversité » ? Interdire des bannières en français en français, russe, néerlandais, espagnol ou estonien, au nom de la tolérance et de la diversité, çà aussi, çà vaut son pesant d’or….

Pour couronner le tout, le gestionnaire de la salle de concert qui hébergera la finale du concours a mis sur son site Internet un document des organisateurs de l’Eurovision, document retiré depuis, qui donnait des exemples de drapeaux interdits : aux côtés des symboles d’organisations terroristes, comme l’OLP ou Daesch, figuraient notamment les drapeaux corses et écossais. Certains Européens ont assez modérément apprécié ce voisinage imposé.

Une note ultérieure3 des organisateurs concède désormais une autorisation pour les drapeaux locaux et régionaux, comme par exemple le drapeau du pays de Galles, l’un des chanteurs britanniques étant d’origine galloise. La note réinsiste sur l’autorisation d’entrée dans la salle des « drapeaux » homosexuels ; décidément, les organisateurs y tiennent à ce « drapeau ». Les organisateurs acceptent aussi une « approche plus tolérante envers d’autres drapeaux, à condition que le public respecte le caractère non-politique du concours. »

Enfin, il semblerait que les organisateurs aient finalement demandé au public de ne pas brandir le « drapeau » homosexuel pendant la prestation du chanteur représentant la Russie : apparemment, la Russie est le seul pays d’Europe à ne pas le considérer comme un symbole apolitique.

1- ESC 2016 flag policy

2- « Eurovision operated by EBU : public rules of the 61st Eurovision song contest », paragraphe 1.1.3

3- Note du 6 mai 2016

 

 

Elections locales en Grande-Bretagne

Des élections locales étaient organisées en Grande-Bretagne le 5 mai 2016.

Le parti travailliste a conquis la mairie de Londres ; mais ce gain ne cache pas sa stabilité ou son recul sur le reste du territoire, alors qu’il aurait pu s’attendre à progresser, en tablant sur l’usure du gouvernement conservateur en place depuis 2010, et reconduit en 20151. Enfin, le parti de droite nationale UKIP poursuit légèrement sa progression.

A Londres, le candidat travailliste musulman Sadiq Khan bat le candidat conservateur Zac Goldsmith (44,2% contre 35%). Après deux mandats du conservateur Boris Johnson, élu en 2008 avec 43,2% et réélu en 2012 avec 44%, le poste de maire de Londres revient à la gauche. Auparavant, de 2000 à 2008, le maire de Londres était Ken Livingston, surnommé « Ken le rouge ».

Les assemblées législatives d’Ecosse, du Pays de Galles et d’Irlande du Nord sont élus selon un système mixte. Chaque électeur vote deux fois : une fois pour un candidat dans sa circonscription, une seconde fois pour une liste ; les sièges sont attribués à la proportionnelle, en tenant compte des sièges attribués par circonscription.

Dans l’assemblée législative galloise sortante, élue en 2010, le parti travailliste avait la moitié des sièges (30 sur 60) ; il est en très léger recul en 2016, en obtenant 29 sièges. Le parti conservateur perd 3 sièges et en conserve 11 ; les libéraux-démocrates perdent 4 sièges, et n’en conservent qu’un. Les gagnants sont le Plaid Cymru (parti nationaliste gallois) qui gagne un siège et obtient 12 élus ; et surtout le UKIP, inexistant dans l’assemblée sortante, qui gagne 7 sièges en obtenant 13% au scrutin proportionnel.

Au parlement écossais, le SNP (parti indépendantiste écossais) disposait de la majorité absolue dans l’assemblée sortante (69 sièges sur 129) ; tout en arrivant très largement en tête en 2016, il perd de justesse cette majorité absolue, en n’emportant que 63 sièges. Le parti travailliste s’effondre en Ecosse ; il obtenait 56 sièges en 1999, 50 en 2003, 46 en 2007, et 37 en 2011 ; il n’obtient que 24 sièges en 2016. Le parti conservateur double son nombre d’élus, en passant de 16 à 31, ce qui le place désormais en deuxième position au parlement écossais, devant les travaillistes ; le parti conservateur est faible en Ecosse : depuis 1999, il obtenait entre 15 et 18 sièges. Les écologistes passent de 2 à 6 sièges. Le UKIP, avec 2% des voix, est inexistant.

En Irlande du Nord, l’assemblée reste à peu près stable en 2016.

Pour un étranger, l’analyse du reste des élections du 5 mai 2016 est assez peu aisée :renouvellement total ou partiel de conseils locaux (districts métropolitains et non-métropolitains, autorités unitaires), élection de commissaires de police.

Pour les élections des commissaires de police, la tendance générale a été la victoire de candidats conservateurs au détriment de commissaires sortants indépendants, ainsi que quelques gains des travaillistes sur les conservateurs. Sur les 40 postes en jeu, les conservateurs en remportent 20, soit un gain de 4 ; les travaillistes 15, soit un gain de 3 ; le Plaid Cymru 2, alors qu’il n’avait pas de sortant ; les indépendants, qui étaient 12, sont désormais 3. Le UKIP ne remporte aucun siège de commissaire, mais se place deuxième dans 4 circonscriptions, avec des scores compris entre 20,5% et 27,5% dans ces circonscriptions.

Les chiffres globaux non-définitifs sur les mandats de conseillers locaux en jeu dans cette élection sont les suivants : les travaillistes obtiennent 1291 sièges, soit une perte de 23 ; les conservateurs en obtiennent 828, soit une perte de 46 ; les libéraux-démocrates en obtiennent 370, soit un gain de 44 ; le UKIP en obtient 58, soit un gain de 26. Les conseils locaux dont les sièges étaient totalement ou partiellement renouvelés ont désormais les majorités suivantes : 57 ont une majorité travailliste (58 avant les élections) ; les conservateurs ont la majorité dans 38 d’entre eux (39 précédemment) et les libéraux-démocrates dans 4 (3 précédemment) ; les conseils sans majorité restent au nombre de 24.

Le UKIP ne réussit pas à conquérir d’assemblée. Il a néanmoins réussi à être à égalité avec les conservateurs au conseil de Thurrock, dans l’Essex, dans l’Est de l’Angleterre.

Thurrock est un point fort du UKIP. Déjà à l’élection législative de 1976, le National Front effectuait une petite percée, avec 6,64% des voix. Aux élections législatives de 2010, dans la circonscription de Thurrock, le UKIP obtenait 7,4% des voix ; et le BNP, autre parti de droite nationaliste, mais plus marginal, obtenait 7,9%. Aux élections législatives de 2015, le parti conservateur conservait son siège de député de Thurrock avec 33,7% des voix, talonné par le candidat travailliste (32,6%) et le candidat du UKIP (31,7%). La circonscription sera très disputée à la prochaine élection législative.

Le conseil local de Thurrock était partiellement renouvelé le 5 mai 2016. Le conseil sortant était composé de 18 travaillistes, 17 conservateurs, 11 UKIP et 3 indépendants. Après le renouvellement partiel, les conservateurs et le UKIP sont à égalité avec 17 sièges chacun, les travaillistes étant relégués en dernière position avec 14 sièges, et il reste un conseiller indépendant. Le UKIP a raté d’une voix une majorité de 18 sièges pour lui contre 16 pour les conservateurs ; dans le quartier de Little Thurrock Blackshots, le conseiller conservateur a été élu avec 706 voix, contre 705 à son concurrent du UKIP.

Enfin, deux élections législatives partielles étaient aussi organisées le 5 mai. Le parti travailliste conserve ces deux sièges de député. Dans ces deux élections, le UKIP arrive en deuxième position, très loin derrière les travaillistes, mais devant les conservateurs. A Ogmore (Pays de Galles), le candidat travailliste est élu avec 52,6% des voix (52,9% en 2015), suivi par le UKIP à 16,2% (15,4% et troisième place en 2015). A Sheffield (Angleterre), le candidat travailliste est élu avec 62,5% des voix (56,6% en 2015), suivi par le UKIP à 20% (22,1% en 2015, et déjà en deuxième position).

1- Voir chronique du 19 mai 2015 : « Elections britanniques »

2- BNP : British national party

 

Du hasard et des symboles

 

Je suis en train de lire un livre sur l’histoire du canal de Suez.

J’ai appris à cette occasion que le sculpteur français Auguste Bartholdi avait recyclé dans la statue de la Liberté un projet un peu plus ancien. En effet, entre 1866 et 1869, il avait imaginé une telle statue à l’entrée du futur canal de Suez, mais le dirigeant de l’Egypte n’avait pas voulu la financer.

Cette statue se serait appelée « l’Egypte éclairant l’Orient ».

Grâce au refus égyptien, les Américains ont désormais « la Liberté éclairant le monde »….

Elections législatives slovaques

 

Les élections législatives étaient organisées à la proportionnelle le 5 mars 2016, pour renouveler les 150 députés du Conseil national de la Slovaquie.

Le SMER-SD (Direction sociale-démocrate), parti du premier ministre sortant Robert Fico, est arrivé en tête du scrutin, avec 28,28% des voix (49 sièges). En tête certes, mais très loin de la majorité absolue des sièges au parlement, et très loin de ses résultats de 2012 (44,42% et 83 sièges) qui lui avaient donné une majorité absolue au Conseil national.

SMER

Robert Fico est de gauche, et les députés de la SMER-SD au Parlement européen sont membres du groupe S&D1, aux côtés notamment de députés des partis socialistes français, belge et portugais, et du parti travailliste britannique (Labour Party).

Il n’est cependant pas toujours très bien vu à gauche en Europe, et certains le présentent comme le « Viktor Orban de gauche ». En effet, ses positions sur l’immigration et l’islam provoquent parfois des crises d’asthme chez ses alliés européens.

Après les élections de 2016, Robert Fico réussit à former une coalition de gouvernement avec le SNS, le MOST-HID et le SIET. Le SIET et le MOST-HD sont deux partis de centre-droit.

Le SNS2 (parti national slovaque) est un parti de droite nationale. Il a déjà participé deux fois au gouvernement. De 1994 à 1998, il faisait partie de la coalition de droite du premier ministre Vladimir Meciar. De 2006 à 2010, il participait déjà au gouvernement de coalition de Robert Fico, qui reconduit ainsi en 2016 son alliance avec la droite nationaliste. Le SNS avait obtenu 11,7% des voix et 20 députés en 2006 ; en 2010, son score est divisé par 2 (5,1% et 9 sièges) ; en 2012, le parti ne réussit pas à atteindre le seuil de 5% des voix pour entrer au parlement (4,6%) ; en 2016, avec 8,6% et 15 sièges, il revient donc au parlement et au gouvernement.

SNS3

Les élections de 2016 ont aussi vu l’émergence d’un autre parti de droite nationaliste, qui ne participe pas à la coalition gouvernementale : le LSNS3 (parti populaire notre Slovaquie). Créé en 2010, il obtient 1,33% aux élections législatives de 2010 et 1,58% à celles de 2012 ; en 2016, il entre au parlement avec 8,04% et 14 élus. En novembre 2013, le parti avait emporté la présidence de la région de Banska-Bystrica ; au premier tour, Marian Kotleba, président du LSNS, avait obtenu 21,30% des voix dans cette région, contre 49,47% au candidat social-démocrate ; au second tour, il a gagné avec 55,53% des voix.

 LSNS

1- S&D : Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen

2- SNS : Slovenska narodna strana

3- LSNS : Ludova strana nase slovensko

 

Géographie de la fainéantise

Je lisais il y a peu un petit guide sur les archives notariales. Sujet passionnant, qui permet de s’immerger dans les actes importants de nos ancêtres (mariages, successions, impôts, baux agricoles,…..). Passionnant, à condition néanmoins que le livre ne soit ni trop long, ni trop technique, ni trop touffu…

Mais, maintenant que je vous ai impressionnés par l’énoncé de mes lectures sérieuses et passionnantes, venons-en au fait.

J’ai pu y lire le rappel de certaines unités de mesures de la France d’antan, certaines que je connaissais plus ou moins, d’autres pas : l’arpent, l’ouvrée, la seytive, la vergée…. Tout un folklore antérieur à l’adoption du système métrique.

Une des unités de surface que j’ai notée est le journal. Le journal était la superficie qu’un homme pouvait labourer en une journée. Comme les autres unités de mesure de cette époque, sa valeur variait d’une province à l’autre, voire d’une commune à l’autre.

Voilà un passionnant sujet d’études et de statistiques possible. Dans quelle partie du pays le journal était le plus ou le moins important ? J’espère qu’un historien étudiera çà un jour. Car çà montrera à quel endroit un homme travaillait le plus ou le moins de surface dans la journée. Cà permettra peut-être de montrer que les gens du Nord n’étaient peut-être pas plus travailleurs que ceux du Sud. Ou de confirmer que les Méridionaux sont décidément de grosses feignasses.

Nouvelles de la jeunesse de France

Trois militaires français participant à l’opération Barkhane sont morts récemment.

Le matin du 12 avril 2016, un convoi logistique d’une soixantaine de véhicules, qui avait quitté Gao (Mali) le 8 avril, va arriver à Tessalit (Mali), sa destination.

Le VAB1 de tête est touché par une explosion.

L’engin explosif cause la mort du soldat de 1ère classe Mickaël Poo-Sing, et blesse trois autres militaires, qui sont évacués sur Gao. Deux d’entre eux meurent dans la nuit : le maréchal des logis2 Damien Noblet et le brigadier3 Michael Chauwin.

Né le 15 juin 1984 à Marseille, le maréchal des logis Noblet s’était engagé en 2004.

Né le 9 juin 1995 à Cambrai, le brigadier Chauwin s’était engagé en février 2014 ; il venait d’être promu brigadier le 1er avril 2016.

Né le 4 décembre 1996 au Mans, le soldat Poo-Sing s’était engagé en février 2015.

Les trois militaires appartiennent au 511ème RT4 d’Auxonne (Côte d’Or). Ils avaient été envoyés au Mali en janvier 2016 pour servir en peloton d’escorte de convoi au sein du bataillon logistique français.

In memoriam.

1- VAB : Véhicule de l’Avant Blindé

2- maréchal des logis : appellation correspondant au grade de sergent dans l’arme du train

3- brigadier : appellation correspondant au grade de caporal dans l’arme du train

4- RT : Régiment du Train

Vicissitudes techniques

Je n’ai pas publié de chroniques ces derniers jours, absorbé par du travail « technique ». En effet, ces chroniques étaient publiées sur Internet, sur une plateforme technique sans publicités, et qui s’était engagée à ne pas en mettre.

Or cette plateforme insère désormais des publicités entre les chroniques. Comme je refuse de publier des chroniques entre des publicités, j’ai donc décidé de mettre en place un autre hébergement technique sur Internet. Et çà m’a pris un peu de temps. C’est désormais réalisé, même s’il reste quelques petits réglages à terminer.

Je vais donc reprendre l’écriture de ces chroniques.

Mais elles seront sans doute aussi moins nombreuses que dans le passé, pour des raisons indépendantes de ces histoires d’hébergement Internet.

J’ai en effet décidé d’y consacrer moins de temps, ayant d’autres projets d’écriture à côté, qui n’avancent pas suffisamment à mon goût, partiellement sans doute à cause du temps que je consacre à ces tribunes.

A bientôt donc dans ces colonnes, mais de manière sans doute plus espacée.

De gentils gars sans histoires

Après les derniers attentats meurtriers en France et en Belgique, la presse se penche parfois sur la personnalité des tueurs.

L’image donnée, c’est que ce sont parfois de gentils petits gars sans histoire qui se « radicalisent »; et que c’est parfois difficilement détectable.

Image donnée soit par le commentaire des journalistes, soit par des amis et voisins auxquels un micro est très complaisamment tendu.

Admettons.

Çà fait quand même un peu bizarre d’entendre, au sujet de certains d’entre eux, que c’étaient des jeunes sans histoire, alors qu’ils s’agissaient de délinquants ou de criminels notoires. Le fait de tirer à la Kalashnikov sur des policiers lors d’un braquage n’est apparemment plus une « histoire ».

Dans la langue journalistique, le mot « personne sans histoire » change de sens. Il désigne normalement quelqu’un qui n’a pas eu maille à partir avec la justice, qui n’a rien commis d’illégal. Il commence à désigner un délinquant ou un criminel qui n’est pas connu pour son islamisme ou sa volonté de commettre des attentats….

 

La ghanima

 

 J’ai encore appris un nouveau mot à l’occasion de la lutte antiterroriste: la « ghanima ». Apparemment, çà se prononce « rrranima ».

Si j’ai bien compris, la ghanima, c’est la pratique islamique qui consiste à voler des non-musulmans. Et c’est apparemment autorisé par l’islam.

Surtout quand çà sert à financer le djihad et les attentats.