Les chemins de traverse

Le touriste est souvent moutonnier. Beaucoup de monde se retrouve au même endroit pour visiter la même chose. Parfois pour des raisons justifiables : la volonté de voir des merveilles reconnues. Pour certains pour des raisons plus stupides : juste pour se prendre en photo à un endroit célèbre et publier immédiatement cette photo sur Internet.

Tout le monde se concentre donc aux mêmes endroits.

Par exemple, un voyage en Bavière impose une visite à deux des plus célèbres châteaux associés à l’histoire de Louis II de Bavière, Hohenschwangau et Neuschwanstein, qui sont très proches l’un de l’autre.

Mon court séjour bavarois de cet été comporta donc une visite de ces deux châteaux. Une présence d’une demi-heure à une heure debout dans la file d’attente pour acheter les billets d’entrée, puis une attente de plusieurs heures dans un bar pour attendre l’heure de la visite. Puis les visites où les groupes se succèdent à la minute près.

Une visite au mois de juillet est certes un facteur aggravant. Hors saison touristique, l’attente est moindre et la visite plus sereine.

Mais, même quand le séjour est court, il peut être intéressant de sortir des monuments les plus touristiques. Quand on ose « l’aventure », et qu’on s’engage dans des lieux inconnus, on prend certes le risque d’être déçu ; mais c’est parfois l’occasion de belles surprises. Ce fut pour moi le cas cet été à Schleissheim.

On y trouve sur un ancien aérodrome militaire, qui fut notamment occupé par l’armée américaine, un intéressant musée de l’aviation.

Ainsi que trois châteaux, de style classique.

Le vieux château abrite notamment une collection de crèches de nombreux pays1. Je ne le savais pas en franchissant les portes du château ; on ne sait pas ce qu’on va trouver, et parfois, c’est donc passionnant.

Le nouveau château de Schleissheim est vide. En tous cas sans mobilier, car sont accrochés aux murs quelques tableaux, notamment de peintres français. Les salles sont magnifiques, richement décorées, l’escalier monumental.

Je n’ai pas eu le temps de visiter le troisième château, le Lustheim, qui abrite un musée de la porcelaine.

Entre les châteaux, de beaux jardins qui contribuent à faire aimer le lieu.

Cerise sur le gâteau, en plein mois de juillet, les châteaux de Schleissheim et le musée de l’aviation étaient déserts. Pas une seconde perdue dans une file d’attente pour les tickets, et une visite calme, tranquille et sereine dans le silence.

Seul bémol pour le vieux château de Schleissheim et le musée de l’aviation. : les notices explicatives étaient uniquement rédigées en allemand.

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1- Voir chronique du 30 août 2018 : « L’art des crèches ».

L’art des crèches

En Bavière, dans la région de Munich, à une dizaine de kilomètres de Dachau, le musée du château de Schleissheim présente de nombreux modèles de crèches, de différents pays. L’occasion de comparer.

Au vu des modèles présentés, on peut affirmer que la crèche provençale est quasiment sans égale. En fait, trois traditions fournissent les plus belles crèches : la crèche provençale, la crèche napolitaine (assez proche de la crèche provençale) et la crèche polonaise.

La crèche provençale vaut par ses santons.

Les crèches polonaises sont superbes, mais dans un style très différent. Les crèches provençales respectent le contexte de la naissance du Christ, en le plaçant entre Marie et Joseph, dans une grotte ou une étable, à proximité d’un bœuf et d’un âne ; cette grotte ou cette étable étant transposée dans un village traditionnel provençal, avec ses habitants typiques. Les crèches polonaises ne reproduisent pas l’étable ; elles sont constituées par la façade d’une cathédrale somptueuse, magnifiquement représentée ; et le petit Jésus est casé quelque part dans la cathédrale (il faut parfois bien le chercher!).

Dans la crèche provençale, ce sont les santons qui sont les plus importants ; les personnages écrasent le décor. Dans la crèche polonaise, c’est la façade de la cathédrale qui s’impose, c’est le décor qui écrase les personnages.

Ces deux représentations de la tradition de Noël ont chacune leur beauté spécifique. Il reste à espérer que les Polonais ne vont pas vouloir importer le modèle de la crèche provençale, et que les Français resteront fidèles à leur santons. Que chacun respecte ses traditions et les fasse vivre.

En revanche, certains pays pourraient sans doute s’inspirer des Français, des Italiens ou des Polonais dans l’art de la crèche. Bien sûr, je respecte les traditions de Noël des autres pays, et je reconnais leur côté émouvant, émanation de la piété populaire. Mais je n’ai pas été enthousiasmé par l’esthétique de toutes les crèches.

Madiran : Le Monde et ses faux

J’ai lu cet été « Le Monde et ses faux », ouvrage de 110 pages de Jean Madiran publié en 1997.

Son but n’est pas d’établir une étude exhaustive de l’histoire du quotidien le Monde, mais de présenter quelques cas concrets.

D’après l’auteur, lorsque le Monde publie des faux, volontairement ou en ayant été trompé, il ne s’en explique pas, ni ne rectifie. Lorsqu’il rectifie, c’est sur des broutilles. « Le Monde peut, comme tout un chacun, se tromper ou être trompé. Il ne rectifie pas. Plus exactement, il multiplie avec componction et solennité les rectifications sans importance : le monsieur qu’il a prénommé Charles-Henry s’appelle Charles-Joseph, mille excuses ; la distance qu’il avait indiquée de 14 km 447, il est vraiment navré, elle n’est que de 14 km 318 ».

Prenons ici trois exemples cités par Jean Madiran.

Tout d’abord, le « faux Fechteler ». Le Monde publiait le 10 mai 1952 un rapport secret de l’amiral américain Fechteler, chef des opérations navales américaines, qui prévoyait de ne pas aider l’Europe en cas d’invasion soviétique. Le Monde n’a jamais reconnu que ce « rapport » était un faux, ni ne s’est jamais expliqué en détails sur cette publication mensongère qui, en pleine guerre froide, visait à faire croire aux Français que les Etats-Unis ne défendraient pas leurs alliés européens.

Le second exemple ne concerne pas le Monde proprement dit, mais son directeur, Jean-Marie Colombani. Dans une émission télévisée, présentée le 17 décembre 1987 par Anne Sinclair et Jean-Marie Colombani, était diffusé un enregistrement audiovisuel de Jean-Marie Le Pen qui disait : « Je ne dis pas que les chambres à gaz n’ont pas existé ». L’enregistrement diffusé fut le suivant : « Les chambres à gaz n’ont pas existé ». La justice décréta en 1988 que cette amputation de la déclaration de Jean-Marie Le Pen ne fut qu’une erreur technique. En tous cas, relève Jean Madiran, il n’y a pas eu d’excuse ni de rectification : « Des millions de téléspectateurs ont ainsi vu et entendu eux-mêmes, de leurs propres yeux, de leurs propres oreilles, d’une manière inoubliable, Le Pen faire une telle déclaration. Ils n’ont jamais été détrompés ».

Le troisième exemple concerne encore Jean-Marie Le Pen. Dans un article du Monde du 16 avril 1996, Christiane Chombeau cite Jean-Marie Le Pen. Jean Madiran publie un extrait de l’article du Monde, ainsi que du discours original de Jean-Marie Le Pen. Les voici :

Le Monde : « La manifestation du front national, samedi 13 avril à la Mutualité, à Paris, pour le 1500ème anniversaire du baptême de Clovis, a été l’occasion pour le parti d’extrême-droite d’exprimer son rejet des francs-maçons, des communistes et des immigrés. Ces immigrés qui, pour Jean-Marie Le Pen, sont « non désirés » ou « indésirables », « coûtent des fortunes », « ruinent la sécurité sociale, paralysent l’enseignement, colonisent nos villes et nos villages », « et encombrent les prisons, violent, tuent….. ».

Le texte du discours de Jean-Marie Le Pen : « Les millions d’immigrés non désirés ou indésirables coûtent des fortunes, ruinent la sécurité sociale, paralysent l’enseignement, colonisent les banlieues, les villes et souvent les villages, encombrent les tribunaux et les prisons. Leurs éléments marginaux agressent, volent, violent, se conduisent comme en pays conquis, bravent l’autorité, s’attaquent aux agents des services publics et à la police ».

Ainsi que le note Jean Madiran, et qu’on peut le vérifier en comparant les deux extraits ci-dessus, Christiane Chombeau écrit que Jean-Marie Le Pen a dit : « Les immigrés encombrent les prisons, violent, tuent ». Alors qu’il a réellement dit : « Les immigrés encombrent les prisons ; leurs éléments marginaux agressent, volent, violent ». La mention « leurs éléments marginaux » a été supprimée par la journaliste du Monde ; et le mot « tuent » a été ajouté. Jean Madiran indique que le Monde n’a jamais rectifié ; et que cette version truquée du discours de Jean-Marie Le Pen a été abondamment reproduite dans d’autres organes de presse avec la mention : « Jean-Marie Le Pen, cité par le Monde, 16 avril 1996 ».

Pour conclure, un ouvrage intéressant, mais qui mériterait probablement une nouvelle version, vérifiée et complétée, par quelqu’un de la jeune génération, n’ayant pas pris part aux controverses présentées.

La fin du printemps de Prague

Cette année est le cinquantenaire du printemps de Prague.

Le 5 janvier 1968, Alexander Dubcek devient premier secrétaire du parti communiste tchécoslovaque. Le communiste Dubcek croit pouvoir créer un « socialisme à visage humain » en maintenant la dictature du parti, mais en concédant de très maigres libertés à la population. Les conséquences de ces mesurettes inquiètent les autres pays communistes, et en premier lieu l’Union soviétique.

Dans la nuit du 20 au 21 août 1968, les troupes soviétiques, polonaises, bulgares, hongroises et est-allemandes envahissent la Tchécoslovaquie.

C’est la fin du printemps de Prague.

Bibi Fricotin chez Hachette

Les éditions Hachette ont lancé l’année dernière la republication des albums de Bibi Fricotin, une bande dessinée publiée des années 1920 aux années 1980. A première vue, cette bande dessinée ne me paraît pas être un monument incontournable. Mais il y a pire comme bande dessinée ! Alors, si certains aiment, pas de problème, mais en ce qui me concerne, je ne vais certainement pas acheter l’intégrale des albums.

Chaque album est terminé par quelques pages d’explications autour de l’album. J’y viendrai dans quelques instants.

Mais j’ai d’abord été marqué par un avertissement sur l’album.

En bas de la page de garde de chaque album, il y a en effet la mention suivante, en lettres capitales : « AVERTISSEMENT : LES HISTOIRES DE CETTE COLLECTION SONT UNE REEDITION A L’IDENTIQUE DES EDITIONS D’ORIGINE QUI S’INSCRIVENT DANS UNE EPOQUE DONNEE – CERTAINES REFERENCES ET/OU PROPOS SONT PROPRES A CETTE PERIODE. »

C’est probablement l’application à la littérature des messages figurant sur d’autres produits de consommation. « Fumer nuit gravement à votre santé », lit-on sur les paquets de cigarettes. « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé », « à consommer avec modération », lit-on sur les bouteilles. Lorsque des produits alimentaires font l’objet de publicités à la télévision, on peut lire des slogans de prévention tels que : « Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour », « Pour votre santé, pratiquez une activité physique régulière », « Pour votre santé, évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé » ou « Pour votre santé, évitez de grignoter entre les repas ». La palme du comique revenant aux publicités sur les crédits bancaires : « un crédit vous engage et doit être remboursé » semble désormais systématiquement accompagner ces publicités.

En arriver à inclure ce genre d’ineptie dans les livres, quelle déchéance pour un éditeur ! Et quelle en est donc la raison ? Y aurait-il dans cette kyrielle d’album une réplique qui pourrait être considérée comme raciste, et les éditions Hachette ont-elles eu la trouille d’une campagne contre elles à cause de çà, et ont-elles tenté de s’en prémunir ainsi ?

Cà me rappelle un livre d’Oriana Fallaci que j’avais acheté il y a quelques années, « La force de la raison », très critique envers l’islam. Il y avait à l’intérieur un petit papier, inséré par l’éditeur : « Les Editions du Rocher sont une société indépendante qui s’est toujours engagée pour favoriser la liberté d’expression sous toutes ses formes ; c’est pour cette raison que les Editions du Rocher ont fait le choix de publier le présent ouvrage, afin de faire entendre un témoignage « différent ». Cet ouvrage a été publié dans douze pays et n’a jamais fait l’objet d’aucune procédure, de quelque nature que ce soit. Toutefois, nous demandons à chaque lecteur de lire ce texte avec suffisamment de recul et de sens critique, compte tenu du contexte international actuel ».

Il faut désormais que l’éditeur mette en garde le lecteur…….

Mais venons-en aux pages d’explications en fin d’album.

Je les ai trouvées bizarres, car je ne sais pas si leur rédacteur s’adresse à des enfants ou à des adultes ; et par ricochet, cette réédition est-elle censée s’adresser à des adultes ou des enfants ?

Il y a, par exemple, des explications concernant quelques expressions. « Dans Bibi Fricotin, les personnages utilisent parfois des expressions désuètes », nous explique le rédacteur. Les « expressions désuètes » listées dans les deux premiers albums sont : « il a perdu la tête », « j’ai l’estomac dans les talons », « rira bien qui rira le dernier », « espèce de blanc-bec », « faire un tour au charbon ». J’avoue ne pas avoir l’impression de vivre dans le même pays que le rédacteur de Hachette ; je suis d’accord pour la dernière expression ; on lui préfère aujourd’hui l’expression « aller au charbon ». Mais pour les autres, je suis extrêmement surpris qu’on puisse les considérer comme « désuètes ».

A qui s’adresse le rédacteur ? Expliquer ce que veut dire « perdre la tête » ou « rira bien qui rira le dernier » suggère que le public visé doit avoir entre 5 et 8 ans (et de surcroît probablement tellement hypnotisé par les écrans que l’accès à un livre ou la participation à des discussions paraissent peu fréquents!).

Mais dans ce cas, est-il bien indispensable de préciser que « faire un tour au charbon » était une expression utilisée par les prostituées ? Ou dans l’article sur les OVNI de nous parler du fermier « forcé d’avoir des relations sexuelles avec une entité féminine » ?

Rassemblement national

Depuis le mois de mai, le front national s’appelle le rassemblement national. Le FNJ (front national de la jeunesse) s’est ensuite transformé en « génération nation ».

En 2015, l’UMP était devenue LR1.

On peut constater que les partis de droite s’attachent à débattre des questions essentielles à l’avenir du pays……

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1- Voir chronique du 26 janvier 2016 : « L’UMP est devenue LR ».

Le noyau de l’olive

Lors d’un dîner il y a quelques semaines, il y avait des olives dans l’entrée. Une jeune fille ayant entre 8 et 10 ans fut avertie par sa mère : attention, il y a des noyaux dans les olives.

La réaction de la petite fut d’abord de l’incrédulité : pourquoi y aurait-il des noyaux dans ces olives ? Normalement, il n’y a pas de noyau dans les olives !

Devant l’évidence, l’incrédulité passée, restait un problème majeur : comment donc mange-t-on des olives avec noyau ?

Ce ne fut pas simple.

Les vieux mangent les olives avec noyau en les mettant dans la bouche, et en en rejetant le noyau de manière plus ou moins élégante.

Ne connaissant pas cette coutume pour ce nouveau mets qu’elle découvrait, la jeune fille opta pour l’élégance : chaque olive fut découpée en lamelles et quartiers, avec le couteau et la fourchette, jusqu’à ce que la partie charnue de l’olive eût été complètement dissociée du noyau. Elégant, mais pas simple ni rapide….

La morale de l’histoire, c’est que pour qu’un enfant de 8 ans ne sache pas qu’il y a des noyaux dans les olives, c’est qu’elle ne mange très probablement que des plats surgelés ou en conserve.

C’est ce qu’on appelle le progrès et la modernité.

Les éléphants dans les Alpes

Lors d’un dîner il y a quelques semaines, je ne sais par quel détour de la conversation, il fut question de Carthage. Ce qui fut dit à ce sujet n’avait pas grande importance. Je fus en revanche interloqué par les connaissances d’une jeune collégienne là-dessus.

En effet, le nom de Carthage lui était absolument inconnu. Carthage ? Connais pas. Hannibal ? Connais pas. Les éléphants traversant les Alpes ? Jamais entendu parler.

Une telle lacune dans l’éducation publique sur l’enseignement de l’Antiquité est impressionnante. Peut-on parler de l’histoire des Romains sans parler de Carthage ? Aujourd’hui apparemment oui !

Une telle ignorance maintenue est ahurissante.

Et on ne pourra pas m’accuser ici de nationalisme historique, ni de défense extrémiste du roman national français ! Les Carthaginois étaient d’origine phénicienne, et Carthage était située non loin de l’actuelle Tunis.

Il ne s’agit évidemment pas de demander une connaissance encyclopédique des Carthaginois et des guerres puniques.

Mais avoir au moins entendu parler de Carthage, c’est quand même un minimum……

Victoire des avorteurs en Irlande

Le 25 mai 2018, était organisé un référendum concernant le 36ème amendement à la constitution irlandaise.

Le but de cet amendement était de supprimer de la constitution le droit à la vie de l’enfant à naître, et de permettre le vote d’une loi autorisant les avortements.

Le « oui » l’a très largement emporté, par 66,4% des voix.

Cet amendement abolit donc le 8ème amendement à la constitution, adopté par référendum le 7 septembre 1983 par 66,9% des voix. Celui-ci reconnaissait « le droit à la vie de l’enfant à naître, en tenant compte de l’égal droit à la vie de la mère » (« the right to life of the unborn, with due regard to the equal right to life of the mother »).

L’Irlande est donc passée, en 35 ans, d’une protection des enfants à naître défendue par 66,9% des électeurs, à la permission de les éliminer, désormais admise par 66,4% des électeurs.

 

Démission du juge Kennedy

Le juge Anthony Kennedy (82 ans) a démissionné de son poste à la cour suprême des Etats-Unis, qu’il occupe depuis 30 ans, depuis sa désignation par le président Ronald Reagan.

La cour suprême américaine est composée de 9 juges : 4 considérés comme conservateurs, 4 comme gauchistes, et le juge Kennedy, considéré comme « conservateur », et qui vote très souvent comme les gauchistes.

Le président Trump va donc désigner un nouveau juge, qui devra être confirmé par le sénat. S’il désigne un vrai conservateur, la majorité de la cour sera clairement conservatrice, pour plusieurs années, peut-être pour plusieurs décennies. Avec des conséquences importantes1.

Il est à noter que les deux juges restants les plus vieux sont deux gauchistes : madame Ruth Bader Ginsburg (85 ans) et Stephen Breyer (80 ans).

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1- Voir chroniques du 21 février 2016 : « Le Monde et les républicains américains », du 14 décembre 2016 : « Bataille pour la Cour suprême » et du 10 avril 2017 : « Neil Gorsuch ».

Alliance entre la ligue et le M5S

Les élections du 4 mars 2018 n’ont donné de majorité absolue à aucun des trois blocs qui s’affrontaient1 en Italie.

Après des semaines de discussion, un gouvernement a été nommé le 1er juin, suite à l’établissement d’un accord entre la ligue et le M5S2.

Le premier ministre (président du conseil) est le professeur Giuseppe Conte, proche du M5S. Il est secondé par deux vice-présidents du conseil : Luigi Di Maio (dirigeant du M5S), également ministre du travail et Matteo Salvini (dirigeant de la ligue), également ministre de l’intérieur.

Les négociations entre le M5S et la ligue ont un temps semblé sans issue ; le M5S ne voulait pas du mouvement Forza Italia de Silvio Berlusconi dans la coalition ; de son côté, Matteo Salvini, le dirigeant de la ligue, restait loyal envers son allié de la coalition des droites, et refusait cette exigence du M5S. La situation s’est finalement débloquée quand Silvio Berlusconi a indiqué qu’il ne soutiendrait pas une coalition entre le M5S et la ligue, mais que la ligue avait la liberté de conclure une telle alliance.

Avec cette nouvelle coalition s’ouvre donc une nouvelle page de l’histoire italienne. Il est évidemment trop tôt pour savoir si cette alliance tiendra toute la durée de la législature, ou si des tensions entre les deux mouvements la fera éclater plus tôt.

En tous cas, aux prochaines élections législatives se posera la question de la pérennité de cette alliance. Restera-t-elle en vigueur pour ces futures élections ? Ou la ligue se représentera-t-elle dans le cadre de la coalition des droites ?

En effet, pour l’instant, cette coalition entre le M5S et la ligue peut faire figure d’arrangement temporaire, même si c’est pour quelques années. Car elle n’a pas remis en cause le principe de l’unité des droites dans le pays. En effet, la coalition des droites existe toujours au niveau local et régional ; elle n’a pas été remise en cause par la création de l’alliance gouvernementale. La ligue, Forza Italia et Frères d’Italie gèrent ensemble des communes et des régions.

Par exemple, la région du Frioul-Vénétie julienne a été conquise par l’alliance des droites en 2018 ; le nouveau président de la région, Massimiliano Fedriga, appartient à la ligue, et s’appuie sur une coalition comprenant notamment Forza Italia et Frères d’Italie.

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1- Voir chronique du 5 mai 2018 : « Quelle coalition pour l’Italie ? ».

2- M5S : movimento 5 stelle.

Les poules du gouvernement

Depuis quelques années, je vois régulièrement dans les journaux télévisés que, dans le cadre de la gestion des déchets, des poules sont fournies gratuitement à certains citoyens ; notamment par des conseils départementaux, me semble-t-il.
En général, le reportage insiste d’abord sur le fait que les particuliers produisent beaucoup de déchets, que çà coûte cher de les traiter. Puis on nous vante l’action écologique du département qui fournit gratuitement des poules à des particuliers, afin qu’elles soient nourries avec des déchets ménagers ; le principe étant que ces déchets mangeables que les poules ingurgitent sont autant de déchets en moins à traiter par le service des poubelles. En général, le reportage mentionne alors la quantité de déchets qu’une poule mange par jour ou par an.
En général, le reportage se conclut par une charmante dame en train de donner à manger à sa poule, qui nous explique sa joie et sa fierté de participer à une action écologique, éco-responsable, durable, solidaire, citoyenne,……
Et la dame finit en vous expliquant qu’il y a même un miracle. Vous savez quoi ? La poule, en plus de bouffer les déchets, elle fait des œufs ! On est là émerveillé devant la découverte scientifique de notre concitoyenne écolo-solidaro-durablo-responsable…..
Chaque fois que je vois ce genre de reportage, j’avoue ne pas être béat d’admiration devant ces actions départementales. Je suis plutôt effaré par ces exemples d’assistanat. On en est donc arrivé au point que l’Etat fournit maintenant des poules aux citoyens ; et que çà semble normal, et même positif !
Moi, à la fin de ces reportages, ma réaction intellectuelle peut en général se résumer à deux questions.
Cette dame ne pouvait-elle donc pas aller toute seule au marché s’acheter une poule ?
Est-elle à ce point bête et assistée qu’elle a besoin que ce soient les autorités qui viennent lui offrir une poule ?
Je connais personnellement des gens qui ont des poules ; ils ne les ont pas attendues du gouvernement ; ils les ont achetées au marché, ou chez un paysan du coin.
Et c’est bien d’avoir des poules, mais il faut avoir quelques minutes à leur consacrer régulièrement, quotidiennement.
C’est bien d’avoir des poules, car effectivement, çà réduit le gaspillage ; çà mange de tout : épluchures, restes de pâtes et de riz, gras de jambon, mauvaises herbes arrachées, gazon coupé. Penser que l’alimentation ne coûtera jamais rien est quand même peut-être illusoire ; dans la réalité, il faut acheter du blé pour compléter le régime alimentaire.
C’est surtout bien pour les œufs ; fourniture quotidienne d’œufs frais.
C’est bien aussi pour l’éducation. Les enfants voient ainsi que les œufs ne sortent pas d’une machine, et gardent un lien avec la nature. Et quelle joie pour le jeune enfant, entrant accompagné dans le poulailler pour ramasser les œufs. Quelle fierté pour l’enfant, un tout petit peu moins jeune, entrant seul dans le poulailler, un peu perturbé par les poules qui volettent, un peu intimidé par le coq qui le regarde méchamment, mais qui va courageusement aller chercher les œufs, et, malgré l’envie qu’il a de courir pour s’échapper, obligé de marcher normalement pour ne pas casser les œufs, va sortir dignement de l’enceinte périlleuse.
Educatif aussi la poule qui couve, et les poussins qui naissent, et qui grandissent sous le regard émerveillé et attendri des enfants. A ce sujet, j’espère que les fournisseurs de poules gratuites n’oublient pas de préciser aux récipiendaires écolo-responsables que, comme ils ne fournissent pas de coq, laisser couver la poule n’a pas vraiment d’intérêt…..
Educatifs aussi pour les grandes personnes. Les gens qui ont acheté leurs poules en achètent généralement de races différentes. Quand vous avez beaucoup d’œufs, et que vous en offrez à des collègues en entreprises, certains peuvent être ébahis. Tous les coquilles d’œuf n’ont pas la même couleur, elles sont d’un jaune différent, certaines sont même blanches. Certaines coquilles sont unies, d’autres tachetées de points noirs. Et il y a des gros œufs, et des tout petits ! Pour ceux qui font leurs courses au supermarché depuis des décennies, les œufs sont tous pareils : même calibre, même couleur……

Etudiants en grève

Il n’y a pas que les trains qui sont en grève en ce moment, il y a aussi certains étudiants. Ils ne veulent pas travailler, mais veulent aussi empêcher les autres de travailler et de passer leurs examens.
Depuis longtemps, je trouve assez bizarre que des étudiants ou des lycéens puissent se considérer « en grève ».
En effet, un étudiant, un lycéen ne « travaille » pas ; comment pourrait-il être en grève ? Comment peut-il se considérer en grève ?
C’est très probablement la conséquence de la politique du tout-gratuit. En France, l’éducation est gratuite. Dans certaines régions, depuis quelques années, même les livres scolaires sont devenus gratuits, payés par les conseils régionaux.
Certains étudiants et lycéens ne perçoivent probablement même pas l’aspect ridicule des expressions « étudiant en grève » et « lycéen en grève ». Ils sont persuadés de travailler !
Etant donné que tout est gratuit, ils ne comprennent pas qu’ils ne « travaillent » pas ; ce sont les professeurs qui travaillent pour eux. Pour les instruire, les former, les aider à obtenir un diplôme. Normalement, ils devraient payer ; eux ou leurs parents. Ils devraient payer le salaire de ces enseignants, ils devraient payer la location et l’entretien des salles et du matériel d’instruction. Mais comme c’est l’argent des impôts qui finance çà à leur place, ils n’en ont même pas conscience.
D’ailleurs, pour renforcer encore ce sentiment, certaines collectivités locales ont même envisagé ou décidé de payer les élèves qui allaient en cours ! Le summum du ridicule, de la bêtise et de l’inversion des valeurs ; payer un élève pour qu’il aille à l’école !
Les étudiants et les lycéens en grève, c’est pourtant comme si l’Etat décidait que le pain et les brioches seraient désormais gratuits, c’est-dire que les boulangers seraient désormais payés directement par l’Etat avec l’argent des impôts, et que les clients décidaient de faire grève, et de ne pas aller chercher quotidiennement leur pain et leur brioche gratuits !
La vérité, c’est donc que si les étudiants et les lycéens veulent se mettre « en grève », on s’en fout ! Et l’Etat devrait aussi s’en foutre complètement. Si ces jeunes gens décident de ne pas bénéficier de l’instruction que les contribuables leur financent, tant pis pour eux, ou tant mieux pour eux ; on s’en fout !
Il y a en revanche deux problèmes que posent ces « grévistes », et que l’Etat doit correctement traiter.
Le premier est le blocage des établissements et des examens. Parce que les « grévistes » ne veulent pas aller en cours, ni passer les épreuves des examens, mais ils empêchent aussi les autres élèves d’aller en cours, et empêchent par la force la tenue des examens. L’Etat doit assurer le bon déroulement des examens.
Le second est la prétention des « grévistes » à ne pas passer leurs examens, et à se voir attribuer une note de 10/20, ou de 14/20, aux épreuves qu’ils auraient manquées. Il y a quelques mois, ou quelques années, cette notation avait reçu le soutien de certains professeurs ; en gros, l’argumentation était que le fait de participer à des luttes sociales était formateur. Pour l’instant, le président de la république Emmanuel Macron a indiqué que le rôle de l’Etat n’était pas d’attribuer des diplômes en chocolat. Si ce type de notation était néanmoins mis en œuvre, il me paraîtrait indispensable qu’une information adéquate soit ultérieurement mise en place. Avant d’être charcuté par un chirurgien, j’aimerais savoir s’il a eu son diplôme de médecine grâce à ses études universitaires, ou grâce à sa participation à des luttes sociales. Je parle ici de l’information des Français moyens ; parce que les syndicalistes et les professeurs favorables à ce genre de notation, qui nous imposeront par idéologie des professeurs, des architectes, des médecins ayant obtenu leur diplôme grâce à leur participation à des luttes sociales, sauront eux très probablement soigneusement éviter ces diplômés. Un peu comme ces admirateurs de l’hôpital public qui se font opérer dans des cliniques privées, ces défenseurs de l’immigration massive qui évitent cette « richesse » et cette diversité culturelles en habitant dans des quartiers clôturés et sécurisés, et ces défenseurs acharnés de l’école publique qui inscrivent leurs enfants dans des établissements privés.

J’aime ma bagnole

Les utilisateurs de voiture sont souvent critiqués. Les voitures polluent et occupent beaucoup d’espace en ville ; il faudrait privilégier les transports en commun. Les détracteurs les plus virulents dénoncent ceux qui s’accrochent à leur sacro-sainte bagnole, symbole de puissance, de liberté.
En ce qui me concerne, depuis que je travaille, j’ai toujours habité en ville ; depuis que j’ai obtenu le permis de conduire, et disposé de l’argent nécessaire à son achat, j’ai toujours eu une voiture.
Ceci dit, j’en ai fait un usage très modéré. Sur les longs trajets, je préfère le train ; je le considère comme moins dangereux que ma conduite, et plus reposant ; il fait de surcroît perdre moins de temps, le trajet pouvant être utilisé à lire par exemple. Il est parfois difficile de se garer en ville ; lorsque les transports en commun sont efficaces et adaptés, je préfère donc les utiliser. A Paris et en région parisienne, en raison des difficultés de circulation et de parking, je préfère m’y rendre en train et utiliser les transports en commun, même si ceux-ci ne sont parfois ni très ragoûtants ni très confortables.
J’aurais donc pu réfléchir à la possibilité de me passer complètement de voiture, et ainsi réaliser quelques économies. C’est pourtant une éventualité que je n’ai jamais sérieusement envisagée.
Parce que je vis en France.
Parce qu’en France, la bagnole, c’est la liberté.
En France, des employés des trains, métros et bus, bénéficiant généralement d’un statut avantageux pour eux-mêmes et leur famille très élargie, ainsi que de la garantie de l’emploi à vie, ont en permanence sur les lèvres l’expression « service public » ; ils sont « le service public ». Assez curieusement, et c’est même normalement complètement contradictoire, ces gens considèrent qu’ils ont le droit, quand ils le veulent, de se mettre en grève et de priver leurs concitoyens de cet indispensable « service public ».
Cette période de grèves que connaît actuellement la France me rappelle qu’il ne faut surtout pas se débarrasser de sa voiture.
Car c’est dans ce genre de période que j’aime vraiment ma bagnole.
Parce que ma bagnole, c’est ma liberté de déplacement.
Parce qu’avec elle, je ne suis pas l’otage des grévistes.