Obertone à la télé

 

Le 2 mars 2013, Laurent Obertone était invité sur la télévision d’Etat France 2, dans l’émission « on n’est pas couché ». Je l’avais vu dans cette émission, avant donc d’avoir lu son livre. Le souvenir qui m’en est resté, était qu’il avait subi un acharnement médiatique contre lui, ce qui m’avait donné envie de lire le livre.

J’ai décidé de revoir la séquence, maintenant que j’ai lu le livre. Et, effectivement, ce fut un grand moment de la télévision d’Etat française.

Les premiers mots du chroniqueur Aymeric Caron furent un argument majeur contre le livre d’Obertone. «Il faut expliquer déjà que c’est le livre de chevet de Marine Le Pen en ce moment, qui se balade partout avec votre livre». Effectivement, çà, c’est l’argument imparable: si Marine Le Pen lit votre livre, c’est qu’il est certainement mauvais! Ce fut d’ailleurs en fait le principal argument pendant toute l’émission. En fin d’interview, l’animateur en chef Laurent Ruquier dit aussi: «On reconnaît un peu le discours de Marine Le Pen, là!»; c’est apparemment un argument censé suffire…….

Aymeric Caron ne s’arrêta néanmoins pas là et poursuivit l’auteur de sa hargne: «Honnêtement, moi je trouve que ce livre est absolument odieux; c’est un manifeste raciste, bourré de haine; et j’ai pesé mes mots». Il tenta ensuite de disqualifier les chiffres donnés dans le livre, en disant qu’il ne sont pas fiables, mais ne donna évidemment pas ceux qu’il considérait comme exacts sur la proportion de personnes issues de l’immigration dans les criminels et les délinquants.

Vint ensuite le tour des autres invités de l’émission, qui furent conviés à donner leur point de vue, et qui, dans un bel unanimisme, crachèrent courageusement sur Laurent Obertone.

Le premier fut un comédien que je ne connais pas, Gérard Loussine, qui vomit du Caron mal digéré, en relançant l’argument magique imparable: «Moi, je n’ai pas très envie de le lire; mais je me demande: vous n’avez pas l’impression que çà sert un peu le front national tout çà?»

Suivit Marina Hands, une actrice que je ne connais pas, qui, sans avoir lu le livre, avait quand même un avis définitif: « Je trouve que vous manquez d’objectivité ».

Une autre actrice que je ne connais pas, Lou de Laage, bredouilla ensuite: «J’ai juste envie de dire qu’il y a quand même une petite haine dans toute cette histoire-là».

Et pour fermer le ban, le «comique» Mustapha El Atrassi, qui utilisa très péniblement le comique de répétition, en demandant deux fois dans l’entretien: «Est-ce que vous pensez que la société a besoin de vous?». On se demande bien ce qui autorise ce « comique » à poser une telle question; on se demande s’il se l’est déjà posé à lui-même; et il me semble qu’il ne l’a posée à personne d’autre. Il est dommage qu’il n’ait pas eu à réfléchir à la question en dissertant par exemple au baccalauréat sur le sujet suivant: «un journaliste d’opposition est-il utile à la société?». Cà aurait pu lui donner des idées sur l’utilité de Laurent Obertone.

En tous cas, encore une fois sur la télévision d’Etat, un débat qui n’a servi à rien, car Laurent Obertone n’a pas eu en face de lui d’opposant honnête, compétent et crédible, capable de lui apporter une contradiction argumentée; seulement de la haine, des insultes, et du prêt-à-penser. Dommage.

 

 

Jean Raspail: le camp des saints

 

Celà fait plus d’un quart de siècle que j’avais lu « le camp des saints » de Jean Raspail. Je l’ai relu cet été, précédé de la préface de l’édition de 2011, intitulée « Big other ».

Un livre encore plus noir et pessimiste que le souvenir qui en était resté dans ma mémoire. Le scénario est simple. Un matin, « ils » débarquent. Pacifiquement. Et l’Occident ne fait rien et disparaît. Les 300 pages du livres décrivent le trajet de la flotte, et la réaction occidentale, à la recherche de l’explication.

Le narrateur ne trouvera pas « une » explication factuelle précise. Mais tous les éléments possibles d’explication convergent vers l’évidence: l’Occident se hait lui-même, se croit coupable et redevable envers tous les autres, et n’ose pas tuer pour se défendre.

Ce qui est remarquable, c’est que le livre de fiction politique est toujours très « parlant » pour le lecteur de 2015. Des noms actuels viennent spontanément pour tous ces ministres couchés devant les médias dominants. Des noms actuels viennent à la pelle pour les animateurs et journalistes du roman; on imagine sans problème des noms d’aujourd’hui pour ces donneurs de leçon, intimant d’accueillir généreusement les étrangers, et qui finiront égorgés dans un fossé alors qu’ils tentaient de partir en Suisse avec leur argent à l’arrivée des sympathiques étrangers.

Quelles réflexions particulières peut nous suggérer une lecture du livre 40 ans après sa publication?

D’abord un clin d’oeil aux dons prémonitoires de Jean Raspail en matière de papauté, qui apparaissent pour le lecteur de 2015. Ecrit sous le règne du pape Paul VI, le roman décrit les errances du pape Benoît XVI, qui vient du Brésil. Ce qui peut évidemment faire sourire le lecteur de 2015, dont les deux derniers papes sont Benoît XVI, et François Ier qui vient d’Argentine. Jean Raspail précise dans l’édition de 2011, qu’il n’a pas changé une virgule du roman de 1973, et que Benoît XVI n’est qu’un pape de fiction, qui ne saurait être confondu avec le pape réel Benoît XVI. Je ne sais pas si Jean Raspail a effectué un quelconque commentaire sur son pape brésilien de fiction, qui ne saurait être confondu avec le pape argentin réel, mais il m’intéresserait beaucoup; car j’avoue avoir pensé à notre pape actuel François Ier à Lampedusa, nous demandant d’accueillir tout le monde, en lisant les actions du pape fictif.

Ensuite, une réflexion sur l’augmentation de la menace de l’islam. Les envahisseurs du roman viennent du Gange, et ne sont pas musulmans. Aujourd’hui, tout lecteur du roman ne voit pas réellement des Indiens, mais pense tout naturellement à des musulmans. Jean Raspail reconnaît d’ailleurs, dans sa préface de 2011, qu’il avait manqué de clairvoyance en 1973, en n’anticipant pas la puissance de l’islam.

Ensuite, la perception de la menace. Le lecteur de 2015 a certes la crainte d’une venue massive d’étrangers arrivant de l’extérieur. Mais il craint peut-être plus encore la menace des égorgeurs déjà installés en France. Certes, le roman n’oublie pas cette menace de l’intérieur; ce sont d’ailleurs les immigrés déjà installés qui commettent les crimes les plus sanguinolents. Mais ces ennemis de l’intérieur n’agissent dans le roman qu’en conséquence de l’arrivée massive nouvelle. Jean Raspail relativise néanmoins cette remarque dans sa préface à l’édition de 2011, puisqu’il y explique que son roman est une allégorie, et que ce qu’il décrit dans le roman comme une arrivée massive en une journée, s’effectue dans la réalité dans le long terme.

Ensuite, la réalité de la menace. Depuis 1973, l’immigration s’est poursuivie; et l’on compte en France davantage d’étrangers et de « Français de papier », grâce au droit du sol et aux naturalisations massives. Et l’islam continue de s’étendre dans notre pays.

Enfin, l’attitude des Français. Jean Raspail avait-il raison quant à l’attitude des Français en écrivant le livre? Partiellement sûrement, mais il a sans doute forcé la caricature. On pouvait par exemple espérer, et on peut toujours espérer aujourd’hui une réaction plus virile de l’armée que celle décrite dans le roman. Quant à la réaction populaire, elle a sûrement évolué grandement. Certes, nous sommes toujours gavés par la presse dominante de la propagande immigrationniste et repentante. Mais les Français sont sans doute davantage conscients de la menace, et sans doute plus désireux de lutter contre qu’en 1973. Le front national était à 0,74% en 1974; il est maintenant entre 25 et 30%. Quoi qu’on pense de ce parti, on peut considérer que l’augmentation de son électorat est un indicateur du rejet de la politique immigrationniste et de la hausse de l’affirmation nationale des Français.

En conclusion, un livre à lire ou relire absolument, en réfléchissant justement aux évolutions de ces 40 dernières années.

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public: pour adultes

 

Election présidentielle polonaise

 

Les 10 et 24 mai 2015, avaient lieu les deux tours de l’élection présidentielle polonaise.

Au second tour, André Duda, le candidat du PiS, a été élu avec 51,55% des voix, devançant Bronislaw Komorowski, le président polonais sortant, soutenu par le PO.

Les résultats de cette élection sont remarquables.

Au premier tour, le candidat de la droite conservatrice, le PiS (Droit et Justice), arrive en tête (34,7%). Le candidat de la droite libérale, le PO (Plateforme civique) le talonne avec 33,7%. Pawel Kukiz, un chanteur de rock indépendant, pouvant être catalogué comme populiste de droite, arrive en troisième position, avec un score de 20,8%. Un autre candidat de droite arrive en quatrième position avec 3,2%.

Et la gauche dans tout çà? La candidate de l’alliance de la gauche démocratique arrive en cinquième position, avec 2,3% des voix. Déjà lors de la précédente élection présidentielle, en 2010, l’alliance de la gauche démocratique n’avait pas obtenu un très bon score (13,7%). Mais en 2015, c’est une quasi-disparition.

Après la seconde guerre mondiale, la Pologne a eu le malheur d’être asservie par un régime communiste. Après la chute du régime communiste, Lech Walesa, le dirigeant du syndicat chrétien libre Solidarité, est élu président du pays en 1990 avec près de 75% des voix. En 1995, petit retour de balancier: Lech Walesa est battu au second tour par Alexandre Kwasniewski, un ex-communiste qui remporte l’élection avec 51,7% des voix, et qui est réélu en 2000 avec 53,9% des voix dès le premier tour. En 2005, le balancier repart très fortement vers la droite; la gauche devient inexistante, et le débat politique polonais se déroule entre la droite conservatrice, le PiS et la droite libérale, le PO. Lech Kaczynski, candidat du PiS remporte l’élection au second tour, avec 54% des voix, contre le candidat du PO, Donald Tusk. Au premier tour, 3 candidats de droite arrivent en tête, Donald Tusk (36,3%), Lech Kaczynski (33,1%) et le candidat du parti « Autodéfense », André Lepper (15,1%); le candidat du parti social-démocrate de Pologne arrive en quatrième position avec 10,3%. En 2010, c’est le candidat du PO, Bronislaw Komorowski, qui l’emporte au second tour avec 53% des voix contre le candidat du PiS, Jaroslaw Kaczynski. Au premier tour, Bronislaw Komorowski avait obtenu 41,5% des voix, et Jaroslaw Kaczynski 36,5%. L’élection de 2015 prolonge donc la séquence politique débutée en 2005.

La situation polonaise présente des similitudes avec la situation hongroise. La Hongrie a aussi subi l’oppression communiste pendant la même période. Après la fin de la période communiste, des élections législatives libres ont été organisées; le président de la république hongroise étant élu par l’assemblée nationale, il n’y a pas de vote populaire direct pour la présidence. De 1990 à 1994, deux premiers ministres du MDF se succèdent; le MDF (forum démocratique hongrois) est un parti de droite libérale. En 1994, le MDP perd les élections législatives au profit du MSzP (parti socialiste hongrois), dont est issu le premier ministre de 1994 à 1998. En 1998, c’est le Fidesz (alliance des jeunes démocrates) qui s’impose; le Fidesz est un mouvement de jeunesse anticommuniste créé en 1988, dans la fin de la période de la dictature communiste, qui s’est transformé en parti de droite conservatrice. Il forme une coalition avec le MDF, et le président du Fidesz, Victor Orban devient premier ministre de 1998 à 2002. De 2002 à 2010, les socialistes reviennent au pouvoir.

En 2010, Victor Orban, à la tête d’un Fidesz droitisé, revient au pouvoir. Il obtient 52,7% des voix au premier tour et, à l’issue du second tour, il emporte 263 sièges (sur 386) à l’assemblée nationale, soit plus des 2/3 des sièges, ce qui lui donne la capacité de modifier la constitution. Le parti socialiste arrive en seconde position avec 19,3% des voix. En troisième position, le Jobbik, présenté par la presse internationale comme d’ »extrême-droite », recueille 16.7% des voix.

En 2014, les élections législatives sont organisées pour élire l’assemblée nationale dont le nombre de sièges a été baissé à 199. Le score du Fidesz est en baisse par rapport à 2010, puisqu’il recueille 44,5% des voix. Le parti socialiste progresse pour atteindre 26% des voix, ainsi que le Jobbik qui atteint 20,5%. Le Fidesz emporte 133 sièges, et conserve ainsi de justesse la majorité des 2/3 au parlement. Deux sièges ont depuis été perdus par le Fidesz lors d’élections partielles, le privant désormais de la majorité des 2/3. Mais Victor Orban détient toujours une confortable majorité.

 

 

Elections britanniques

 

Le 7 mai 2015 avaient lieu les élections législatives britanniques.

La Chambre des Communes est composée de 650 députés, élus au suffrage uninominal majoritaire à un tour. Pas de second tour, donc, le candidat arrivé en tête dans chaque circonscription est élu. La majorité à la Chambre est donc de 326 sièges.

Le premier ministre sortant, David Cameron, était à la tête d’une majorité composée des conservateurs (306 sièges) et des libéraux-démocrates (57 sièges) depuis 2010.

Les sondages, les commentateurs et les experts avaient décidé que le résultat des élections serait serré, et que les travaillistes arriveraient au gouvernement en formant une coalition avec des petits partis.

Ce fut le contraire qui arriva. David Cameron reste premier ministre, car son parti obtient désormais seul la majorité à la Chambre, en passant de 306 à 331 sièges. Le parti travailliste n’a pas profité de l’usure du pouvoir de son adversaire conservateur; il passe de 256 à 232 sièges. Victoire sans appel pour les conservateurs.

Pourtant, le score obtenu par les conservateurs et les travaillistes est resté stable. Les conservateurs, qui avaient obtenu 36,1% des voix en 2010, recueillent 36,9%. Les travaillistes, qui avaient obtenu 29% en 2010, obtiennent 30,4%.

L’analyse circonscription par circonscription ne montre pas de transfert de sièges des travaillistes au profit des conservateurs. Les conservateurs gagnent 8 circonscriptions auparavant détenues par les travaillistes; les travaillistes gagnent 9 circonscriptions auparavant détenues par les conservateurs.

Les libéraux-démocrates s’effondrent. En 2010, ils obtenaient 23% et 57 sièges. En 2015, ils tombent à 7,9% et 8 sièges. Les travaillistes prennent 12 sièges aux libéraux-démocrates; les conservateurs prennent 27 sièges à leur ancien allié.

Le SNP (parti national écossais) effectue une percée remarquable, en emportant 56 des 59 sièges de députés en Ecosse, alors qu’il en avait emporté 6 aux élections de 2010. Ce parti nationaliste de gauche gagne 10 circonscriptions auparavant détenues par les libéraux-démocrates, et 36 auparavant détenues par les travaillistes. Il obtient 50% des voix en Ecosse, contre 19,9% en 2010; son précédent record aux élections législatives britanniques datait d’octobre 1974, où il récoltait 30,4% des voix en Ecosse, et gagnait 11 des 71 sièges écossais.

La victoire des conservateurs n’est donc pas le résultat d’une forte poussée en voix, mais la conséquence de l’effondrement des libéraux-démocrates, dont ils bénéficient. Les travaillistes ont profité dans une moindre mesure de l’effondrement libéral-démocrate, mais ont été fortement handicapés par la poussée nationaliste écossaise qui s’est largement réalisée à leur détriment.

Le UKIP (United Kingdom Independence Party) n’obtient qu’un seul député. Ce mouvement eurosceptique n’en avait obtenu aucun en 2010. Il avait néanmoins 2 députés sortants. En 2014, 2 députés conservateurs avaient rejoint le UKIP; ils avaient démissionné de leur mandat de député, s’étaient présenté à l’élection partielle et avait regagné leur siège sous l’étiquette de leur nouveau parti. Le UKIP était arrivé en tête aux élections européennes de 2014, en obtenant 27,5% des voix. Il n’obtient que 12,6% aux élections législatives de 2015, sans doute victime du mode de scrutin et du « vote utile » en faveur du premier ministre conservateur sortant.

Le UKIP semble néanmoins solidement ancré dans sa trajectoire ascendante. Aux élections européennes, il est passé de 16,6% aux européennes de 2009 à 27,5% en 2014. Aux élections législatives britanniques, il est passé de 3,1% en 2010 à 12,6% en 2015. Avec seulement 1 siège, il est le dixième parti au parlement britannique, derrière les conservateurs (331 sièges), les travaillistes (232 sièges), le SNP (56 sièges), les libéraux-démocrates (8 sièges), les protestants irlandais du DUP (8 sièges), les républicains irlandais du Sinn Féin (4 sièges), les nationalistes gallois du Plaid Cymru (3 sièges), les sociaux-démocrates du SDLP (3 sièges) et les protestants irlandais de l’UUP (2 sièges). Alors qu’en voix (12,6%), il est le troisième parti, derrière les conservateurs et les travaillistes, mais devant les libéraux-démocrates (7,9%) et le SNP (4,7% à l’échelle nationale).

L’influence du UKIP a été très importante, car c’est probablement son ascension qui a conduit David Cameron à promettre un référendum sur l’Europe avant 2017 s’il était réélu.

C’est pourquoi ces élections britanniques produiront des effets très importants pour les autres pays européens dans les deux prochaines années. Tout d’abord, le référendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne: la campagne électorale en vue du référendum aura des conséquences sur les peuples des autres pays européens; une victoire éventuelle des partisans de la sortie, encore plus. Ensuite, la très forte poussée du SNP pourrait conduire à vouloir un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Ecosse; attitude qui serait probablement renforcée en cas de sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne, le SNP étant plutôt favorable au maintien de l’Ecosse dans l’UE.

2015-2018: sans doute 3 années essentielles pour la Grande-Bretagne et l’UE.

 

Election sénatoriale en Louisiane

 

On connaît désormais la composition définitive du Sénat américain. Lors du second tour de l’élection en Louisiane, le 6 décembre, la sénatrice démocrate sortante, Mary Landrieu, a été battue par Bill Cassidy, le candidat républicain, qui a obtenu 57% des voix. Les républicains ont donc désormais 54 sièges de sénateurs. Soit un gain définitif total de 9 sièges.

 

 

L’élection des gouverneurs américains

 

39 sièges de gouverneurs étaient en jeu ce 4 novembre 2014: 36 gouverneurs d’Etats et 3 gouverneurs de territoires associés. Je ne parlerai ici que des gouverneurs d’Etats.

A l’issue des élections, 31 gouverneurs d’Etats sont républicains, 18 sont démocrates et le gouverneur de l’Alaska est indépendant. Les démocrates ont eu une perte nette de 3 Etats, et les républicains un gain net de 2 Etats.

En Pennsylvanie, le gouverneur républicain sortant est battu par le candidat démocrate.

Les républicains prennent 4 Etats aux démocrates (Arkansas, Illinois, Maryland et Massachusetts).

Le gouverneur républicain sortant de l’Alaska est battu par un candidat indépendant (un candidat dissident républicain s’étant allié avec les démocrates).

Ces élections sont importantes dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016, où les grands électeurs sont élus par Etats; à l’exception du Maine et du Nebraska (à ce jour), le candidat qui arrivera en tête dans un Etat remportera tous les grands électeurs de l’Etat. Même si elle est à relativiser, ces élections des gouverneurs donnent une première indication. Globalement, les républicains se consolident dans le sud et le centre du pays, tandis que les démocrates conservent leurs bastions des Etats de la côte Est et de la côte Ouest.

Les démocrates ont notamment conservé la Californie (59% des voix) et l’Etat de New York (54%).

Les républicains ont notamment conservé l’Alabama (64% des voix), l’Iowa (59%), le Nebraska (58%), le Nevada (71%), le Nouveau Mexique (57%), l’Ohio (64%), l’Oklahoma (56%), la Caroline du Sud (56%), le Dakota du Sud (70%), le Tennessee (70%), le Texas (59%) et le Wyoming (62%).

Il faut rappeler que la Californie est l’Etat qui élit le plus grand nombre de grands électeurs (55 sur 538).

Le gouverneur républicain de Floride est réélu avec 48% des voix, contre 47% à son concurrent démocrate. Rappelons qu’à l’élection présidentielle de 2012, le candidat démocrate Barack Obama avait gagné les 29 grands électeurs de la Floride en obtenant 50,01% des voix dans cet Etat, contre 49,13% à son concurrent  républicain Mitt Romney. Vu le faible écart, nul doute que la Floride est déjà au cœur des préoccupations des deux camps pour la présidentielle de 2016.

 

 

 

La Chambre des représentants 2014

 

La Chambre des représentants des Etats-Unis était entièrement renouvelée le 4 novembre. Le mandat des représentants est de 2 ans. La chambre des représentants comprend 435 sièges depuis 1912.

La Chambre sortante était à majorité républicaine (234 républicains contre 201 démocrates). Les républicains conservent le contrôle de la chambre et augmentent leur majorité. 5 sièges ne sont pas encore officiellement attribués. 430 circonscriptions ont actuellement des résultats définitifs: les élus sont répartis à 244 pour les républicains et 186 pour les démocrates; soit pour l’instant un gain de 10 sièges pour les républicains.

Les années Obama ont été l’occasion de succès historiques pour les républicains à la Chambre. On ne saisit pas au premier abord le caractère historique de ces résultats pour les républicains; après tout, ils obtiennent 244 sièges, donc à peine plus que les 234 obtenus en 2012, ou que les 242 obtenus en 2010.

Il faut comprendre que la Chambre, depuis les années 1930, a souvent été à majorité démocrate. Les républicains y sont majoritaires depuis 2010, et y ont été majoritaires de 1994 à 2006, soit 12 ans. Pendant les 62 années entre 1932 et 1994, les démocrates y ont été majoritaires pendant 58 ans, en particulier sans discontinuité pendant 40 ans entre 1954 et 1994, y compris pendant les mandats du grand président républicain Ronald Reagan (1980-1988).

Les démocrates y ont été majoritaires, et avec quelle majorité! Par exemple, les démocrates avaient 257 sièges en 2008, 267 en 1990, 292 en 1974 et 1976; sans oublier en 1936 les 334 démocrates (contre 88 républicains et 13 d’autres partis).

Pour les républicains, les 244 sièges actuels sont un record historique; il faut remonter à 1946 pour trouver mieux (246 sièges). C’est donc un résultat historique. Rappelons que 5 sièges ne sont pas encore attribués; si les républicains en emportaient 3, ils auraient alors 247 sièges, et il faudrait remonter à 1928 pour trouver mieux (270 sièges).

 

 

Les républicains ont conquis le Sénat

 

Les élections américaines avaient lieu le 4 novembre. Difficile à croire pour un pays moderne, mais une semaine après, il n’y a toujours pas de résultat définitif.

Ce n’est apparemment que depuis hier, le 12 novembre, qu’on sait qui a gagné le poste de sénateur dans l’Alaska. Même si l’on n’a pas encore les pourcentages de voix partout, on a au moins un résultat définitif de l’élection pour le Sénat en nombre de sièges.

Le sénat comprend 100 sièges, c’est-à-dire 2 pour chacun des 50 Etats américains. Avant l’élection de ce mardi, il était composé de 45 sénateurs républicains, 53 démocrates et 2 « indépendants » (mais qui sont en fait du côté démocrate).

Les sénateurs ont un mandat de 6 ans, et le sénat est renouvelé par tiers, tous les 2 ans. 36 mandats de sénateurs sont renouvelés cette année: 33 élus seront du groupe 2 (2014-2020); 3 correspondent à des élections partielles du groupe 3 (2010-2016).

Les trois élections partielles avaient lieu à Hawaï, dans l’Oklahoma et en Caroline du Sud; les deux sièges de sénateurs étaient donc renouvelés dans les Etats de l’Oklahoma et de Caroline du Sud. A Hawaï, après la mort du sénateur démocrate en décembre 2012, le gouverneur démocrate de l’Etat désigna son lieutenant-gouverneur (démocrate lui aussi) comme sénateur intérimaire jusqu’aux élections de 2014. Dans l’Oklahoma, le sénateur républicain a annoncé son intention de démissionner à la fin de la 113ème législature le 3 janvier 2015, et son siège a donc été remis en jeu le 4 novembre. En Caroline du Sud, le sénateur républicain Jim DeMint démissionna en janvier 2013 et Madame le gouverneur républicain Nikki Haley désigna un « représentant » (député) républicain comme sénateur intérimaire jusqu’aux élections de 2014.

Sur les 36 sièges à renouveler cette année, 21 étaient détenus par les démocrates et 15 par les républicains.

35 sièges (sur 36) ont été attribués. Les démocrates ont obtenus 12 sièges et les républicains 23 sièges. Soit pour l’instant un gain global de 8 sièges pour les républicains. Les républicains n’ont pas perdu un seul siège, en ont conquis 8, et les démocrates en ont perdu 8. Les républicains ont conquis un siège de sénateur dans les Etats suivants: Alaska, Arkansas, Colorado, Iowa, Montana, Caroline du Nord, Dakota du Sud et Virginie occidentale.

Après ce gain de 8 sièges, le Sénat est donc maintenant constitué de 53 républicains et 46 démocrates (dont 2 « indépendants »).

Le siège manquant est le poste de sénateur de Louisiane. La loi électorale en vigueur dans cet Etat impose d’obtenir plus de 50% pour être élu. Aucun candidat n’ayant franchi ce seuil, un second tour sera organisé le 6 décembre. Il est probable, en tout cas mathématiquement, que les républicains gagneront un 9ème siège à cette date. En effet, la sénatrice démocrate sortante arrive en tête, mais n’obtient que 42% des voix; son concurrent républicain la suit avec 41%; 2 autres candidats républicains obtiennent 14% et 1%.

Notons l’élection particulièrement remarquée de 2 militaires républicains au Sénat. Galanterie oblige, nous commencerons par une sénatrice, le lieutenant-colonel Joni Ernst qui conquiert le siège de l’Iowa, précédemment démocrate, avec un score de 52%. Le capitaine Tom Cotton bat quant à lui le sénateur démocrate sortant de l’Arkansas; en 2012, il avait conquis le siège de « représentant » du 4ème district de l’Arkansas avec 59,5% des voix (alors que 2 ans plus tôt, le candidat démocrate avait été élu avec 57,5%); cette année, il a écrasé le sénateur démocrate sortant en obtenant 57% des voix.

Les républicains ont donc conquis le Sénat. Rappelons que la dernière fois qu’un Sénat républicain avait été élu, c’était en 2004; les républicains avaient perdu la majorité au Sénat en 2006.

 

 

 

Le Mur en chansons

 

Le mur de Berlin a inspiré quelques chansons.

Parmi les chanteurs du Mur, le plus important est évidemment Jean-Pax Méfret.

Certes, il faut d’abord citer « le soir du 9 novembre » (1999):

« C’était le soir du 9 novembre

Un peuple entier se libérait

Près de 40 ans à attendre

Pour passer de l’autre côté. »

Mais cette chanson n’est pas la meilleure de Jean-Pax Méfret sur le mur de Berlin. En revanche, deux autres de ses chansons sont les plus importantes de la discographie française sur le Mur: « Véronika » et « Professeur Muller ».

Véronika:

« Elle avait des cheveux blond fou, Véronika

Des yeux bleus tristes et un air doux, Véronika

A Berlin-Est, elle balayait les allées.

Elle a voulu s’évader.

Aujourd’hui, il ne reste rien de Véronika.

Un peu de terre, une petite croix de bois.

La rose rouge et l’œillet sont fânés

Près de ce mur droit,

Ce mur froid. »

Professeur Muller (1982):

« Derrière lui, le rideau de pierre,

Les miradors, les Vopos armés.

Les tilleuls ne forment plus la frontière;

Il y a un mur à Berlin, professeur Muller »

« Dans sa chambre, il oublie ses misères,

Sur son violon au bois usé.

Le vieil homme s’évade par la prière.

La nuit s’achève loin des barbelés »

Daniel Balavoine avait aussi interprété des chansons sur le mur de Berlin. Il avait sorti en 1977 un album: « les aventures de Simon et Guenther ». Les chansons racontent l’histoire de deux frères vivant à Berlin, de chaque côté du Mur; celui habitant Berlin-Est est tué lorsqu’il essaie de passer à l’Ouest. Chansons intéressantes, mais qui ne sont pas au niveau de celles de Jean-Pax Méfret, tant pour les paroles que pour la musique.

Mon pauvre Guenther (1977):

« C’est vrai, d’autres ont voulu s’envoler.

Je sais qu’ils ont été fusillés.

Mais j’aimerais mieux mourir libre,

Que mourir de vivre en prison. »

Lady Marlène (1977):

« A Berlin, tu sais, rien n’a changé.

C’est trop difficile de s’évader.

Les hommes en vert ont tiré. »

Pour terminer notre liste de chansons françaises, on citera enfin celle de Jean-Jacques Debout (accessoirement le mari de Chantal Goya) « Berlin » (1968):

« Qu’ils sont hauts les murs de Berlin,

Pour tous les enfants de Berlin.

Qu’ils sont hauts les murs qui s’élèvent,

Pour les enfants qui s’aiment. »

Dans la musique anglophone, on peut citer la chanson de David Bowie « heroes » (1977):

« I can remember

Standing by the wall

And the guards

Shout above our heads

And we kissed

As though nothing could fall

And the shame was on the other side

Oh we can beat them

For ever and ever

Then we can be heroes

Just for one day »

La même année, David Bowie sort une version française de sa chanson; on peut saluer l’effort de chanter en français, mais, artistiquement, la version anglaise est nettement préférable.

« Je me rappelle

Debout près du Mur,

Les gardes tirant

Au-delà de nous

Et je t’embrassais

Comme si rien ne tombait.

Et la honte était de l’autre côté.

Oh! Nous les vaincrons,

Nous les vaincrons à jamais

On pourra être héros

Pour juste une journée. »

David Bowie: "Heroes" en version française

 

Pour conclure, Pierre Bachelet avait en 1985 chanté « le no man’s land » (musique: Pierre Bachelet; paroles: Jean-Pierre Lang); cette superbe chanson ne parlait pas de Berlin, mais du rideau de fer en général.

« J’ai tenté de passer, cinquante mètres à faire.

J’ai entendu tirer, je suis tombé par terre.

J’ai la vie qui s’enfuit au milieu de ma chemise.

Mais que c’est beau la vie, même s’il y a des surprises.

Je regarde les nuages, j’aimerais être comme eux.

On ne tire pas au passage les flocons du ciel bleu.

Etendu sur le dos, je regarde une dernière fois.

Mais que le monde est beau, est beau autour de moi.

Et le soleil se levait

Sur le no man’s land. »

 

Victoire républicaine aux Etats-Unis

 

Mardi 4 novembre avaient lieu les élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Les électeurs renouvelaient la Chambre des représentants, un tiers du Sénat, les gouverneurs de certains Etats et participaient à des référendums.

Les républicains étaient déjà majoritaires à la Chambre des représentants. En revanche, le Sénat était majoritairement démocrate. A l’issue des élections de ce mardi, les républicains conservent le contrôle de la Chambre, et deviennent majoritaires au Sénat.

Cette victoire républicaine n’est pas un obstacle insurmontable pour Barack Obama; il faut rappeler que certains de ses prédécesseurs ont dû vivre avec un Congrès du bord opposé; mais çà va évidemment compliquer les deux dernières années du second mandat de sa présidence.

En revanche, les résultats de cette élection sont importants en vue de l’élection présidentielle de 2016. Certes, ces résultats ne garantissent pas une victoire républicaine en 2016; ils constituent néanmoins un immense encouragement pour eux. Les démocrates ont été désavoués; c’est évidemment le cas pour le président Obama; il semble que ce soit aussi le cas pour les Clinton, dont les soutiens n’ont pas assuré le succès de leurs obligés.

 

 

 

La danse à Cogolin

Le site internet du nouvel observateur a publié le 3 octobre une tribune d’une certaine Aude Mathis, professeur de danse orientale: « Le maire FN de Cogolin a interdit mon numéro de danse orientale : écœurant et intolérant ».

 Allons donc voir du côté de Cogolin. Cogolin est une petite ville du Var de 11.000 habitants, entre Toulon et Fréjus, près de Sainte-Maxime.

Les résultats des élections cogolinoises du 23 mars 2014 étaient les suivants:

  • FN: 39%
  • divers droite:27%
  • divers gauche: 19%
  • UMP: 15%

Au second tour, la liste du Front national, conduite par Marc-Etienne Lansade, remporte l’élection avec 53% des voix.

 Le week-end des 6 et 7 septembre 2014, était organisée la fête traditionnelle de Cogolin, appelée la fête du Coq. Et la municipalité semble donc avoir préféré les fifres et les tambourins pour sa traditionnelle fête provençale, plutôt que les danses orientales.

 Aude Mathis semble avoir ruminé près d’un mois son article dénonçant cette attitude écœurante et intolérante. J’ai sorti mon mouchoir pour pleurer avec Aude; « cette nouvelle m’a dévastée pendant plusieurs jours », nous confie-t-elle. Mais il y a pire: « le plus dur a été de l’annoncer à mes élèves ». J’ai dû sortir là un autre mouchoir, car « elles ont toutes été choquées ».

Mais j’ai vite rangé mes mouchoirs. Les élèves en question sont quand même des adultes; on aurait peut-être pu créer une cellule d’aide psychologique, pour pousser le ridicule jusqu’au bout.

J’ai vite rangé mon mouchoir, car on est très vite entré dans le délire socialo-désirien. Admirez d’abord le passage suivant: « Elles ont vite fait le rapprochement entre danse orientale et idées frontistes.  Elles ont toutes été choquées et n’ont pas compris pourquoi on interdisait leur spectacle. » Je cite ce passage sans ajout, ni retrait: je vous laisse apprécier la contradiction que notre professeur ne semble pas avoir notée: d’abord ses élèves ont tout compris, puis elles n’ont rien compris.

 Je vous résume la suite: interdire des danses orientales, c’est « une forme de racisme », c’est « une atteinte à l’art », c’est une atteinte à la liberté des femmes, un « manque de tolérance, une démarche totalement antirépublicaine ». Et pour finir, les débilités des années 80: « le métissage des cultures et des hommes, c’est cela la richesse de la France »; « ce qui fait la force la France c’est bien son multiculturalisme ». Mais ce que n’a pas compris notre professeur, c’est que nous ne sommes plus dans les années 80; vous vous souvenez, c’est à cette époque qu’on devait répéter, sous peine de se retrouver exclu, que l’immigration est une chance pour la France, et qu’il n’y a pas d’insécurité, mais juste un sentiment d’insécurité,…. Je ne connais pas précisément Cogolin, mais il y a fort à parier que cette dame est en train de faciliter grandement la réélection du maire FN avec son délire multiculturaliste.

Dans le quotidien Présent du 10 octobre, le maire de Cogolin répond. « Il s’agit en effet de la programmation d’une fête locale, une fête provençale s’il en est, la fête du Coq, qui fait la part belle à Cogolin et à ses racines. Ainsi, je n’ai pas laissé programmer un spectacle de danse orientale, mais je n’aurais pas davantage laissé programmer de spectacle de danse bretonne, basque ou norvégienne. »

Et Aude Mathis ne va pas s’arrêter la; elle prévoit de continuer à faire campagne pour le FN en décembre. A la fin de sa tribune, elle espère qu’il y aura des danses africaines et orientales au spectacle de Noel, car toutes les cultures ont le droit d’y être représentées. Et bien non, Madame. Je ne sais pas ce que prévoit la municipalité de Cogolin pour Noel. Peut-être privilégiera-t-elle les santons et les tambourins bien provençaux. Peut-être associera-t-elle des étrangers, comme les chrétiens d’Irak ou de Syrie. Mais il y a une chose dont je suis sûr: je ne reconnais pas de DROIT à toutes les cultures étrangères d’être présentes dans les fêtes de France. Et je pense que les Cogolinois pensent probablement la même chose……